Journée mondiale de la liberté de la presse : les journalistes entre pressions et répressions politiques.

Logo du siège de Reporters sans frontière. © RSF

À l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse célébrée chaque 3 mai, Reporters sans frontières a dénoncé des pressions politiques accrues sur les médias. L’ONG en a profité pour dresser le classement 2024 de la liberté de la presse. Le Mali, classé 114ème sur 180 pays perd une place. La Mauritanie, 33ème à l’échelle mondiale, occupe la première position du classement africain de la liberté de la presse. La Norvège reste en tête de ce 22e classement mondial, tandis que l’Érythrée arrive en dernière position, 180e, après la Corée du Nord.

Dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2024, le Mali recule de nouveau. Le pays a perdu une place au classement mondial, 114ème contre 113ème en 2023. Selon Reporters sans frontières, les conditions de travail des journalistes ne cessent de se dégrader. A l’instar de la moitié de la planète, les pressions politiques sur la presse malienne augmentent. Pour RSF les professionnels des médias sont exposés aux risques dûs à l’insécurité conjuguée à l’instabilité politique qui compromet l’accès des journalistes aux informations.

En principe, l’ONG note que les journalistes et les médias sont libres de couvrir l’administration, et les médias privés sont relativement indépendants, ‘’cependant, les journalistes sont particulièrement fragilisés par la situation politique et le durcissement de la junte au pouvoir. Les pressions pour un “traitement patriotique” de l’information se multiplient’’. Elle estime également que le processus d’accréditation pour les journalistes étrangers est particulièrement ‘’intrusif’’ et ‘’attentatoire’’ au secret des sources. ‘’La Haute autorité de la communication (HAC), et les médias publics sont complètement inféodés à leur autorité de tutelle, et les pouvoirs publics peuvent révoquer leurs responsables’’, dénonce le RSF.

Reporters sans frontières souligne que ‘’ les journalistes et médias maliens vivent dans une grande précarité, ce qui les rend vulnérables aux influences et à la corruption’’. Il ajoute aussi que ‘’l’influence grandissante du pouvoir russe et l’arrivée des mercenaires de la société paramilitaire Wagner au Mali laissent présager un essor de la désinformation et des jours sombres pour les journalistes’’.

A l’échelle africaine 

 33ème contre 86ème en 2023 au classement africain, la Mauritanie est en tête au niveau continental. Depuis la dépénalisation des délits de presse en 2011, les journalistes mauritaniens peuvent travailler dans un environnement moins répressif. Elle est suivie de la Namibie (34ème) et de la Seychelles (37ème). Selon le rapport annuel de Reporters sans frontières, les journalistes africains vivent sous pression dans un contexte électoral.

Pour le RSF, ‘’plusieurs pays du Sahel, où l’accès à l’information se restreint toujours davantage, ont suspendu spécifiquement la diffusion de médias étrangers, principalement français comme France 24, RFI et TV5 Monde. Le coup d’État de juillet 2023, suivi de l’adoption par la junte de mesures liberticides, a fait chuter le Niger (80e) de 19 places. La situation n’est guère reluisante au Burkina Faso (86e) avec une perte de 28 places, ainsi qu’au Mali (114e)’’. Le classement 2024 se referme par un pays africain, l’Érythrée (180e), ‘’devenue au fil des ans un désert de l’information’’.

Au niveau mondial, L’Argentine, dirigée par le président ‘’ultralibéral’’ Javier Milei, figure parmi les pays qui perdent le plus de places. La Norvège reste la mieux positionnée et la France passe de la 24ème à la 21ème position tandis que la Russie et la Chine sont respectivement 162ème et 172ème sur 180 pays. Les Etats Unis sont 55ème au classement de 2024 de la liberté de la presse.

Adama Tembely/©️ Malikonews.com

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