Il faut « agir d’urgence » afin de rétablir la confiance dégradée entre l’Afrique et la France et éviter un risque de contagion sur un continent africain de plus en plus courtisé, préconise un rapport parlementaire français publié mercredi.
Une France qui peine à « s’adapter » aux mutations africaines et prend des « décisions souvent illisibles » : c’est le constat plutôt sévère que dressent les députés Bruno Fuchs (Modem, centre-droit) et Michèle Tabarot (Les Républicains, droite) sur les relations entre France et Afrique.
« Soucieuse de renouveler ses liens avec l’Afrique et d’éviter les erreurs du passé, privée d’une connaissance fine du continent et dépendante de choix politiques incertains, (la France) refuse désormais de se doter d’une véritable +politique africaine+ », regrettent les auteurs du rapport à l’issue de dizaines d’auditions d’acteurs africains et français.
Les Africains, affirment-ils, « demandent une autre politique à la France » et il « faut agir d’urgence pour éviter un risque de contagion et de perte de confiance ».
Depuis sa première élection, Emmanuel Macron a tenté un changement de cap en Afrique, déjà annoncé dans le discours de Ouagadougou en 2017 puis réitéré en février 2023, esquissant une approche moins militaire et centrée sur les relations avec la société civile et le « soft power ». « La Françafrique est morte », a-t-il encore insisté en septembre.
Entretemps, des coups d’État au Mali (2020, 2021), au Burkina Faso (2022) puis au Niger (2023) ont précipité le divorce avec Paris. Les juntes militaires parvenues au pouvoir dans ces pays ont poussé dehors l’armée française, marquant la fin d’une ère, après une décennie d’intervention antijihadiste dans une région où la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader.
Paris s’est aussi vu reprocher ses incohérences. S’il a condamné le coup d’État au Niger, il s’était accommodé du premier putsch au Mali en 2020, et avait adoubé l’année suivante Mahamat Idriss Déby Itno, qui avait succédé à son père à la tête du Tchad sans processus constitutionnel.
Les auteurs du rapport préconisent un « changement de style »: « Arrêter les grands discours, souvent porteurs d’attentes finalement déçues, et leur préférer des actions concrètes ».
Ils proposent aussi notamment de réformer « en profondeur » l’aide publique au développement, pour mieux l’adapter aux besoin locaux avec plus de dons, moins de prêts, ainsi que la politique des visas pour mettre fin aux « incohérences » et « situations vexatoires » quotidiennes tandis que la France « se prive de nombreux talents ».
Avec AFP