L’ex-président du Gabon Ali Bongo, sa femme Sylvia et trois de leurs enfants demandent à un groupe de travail de l’ONU de reconnaître leur « détention arbitraire » après le coup d’Etat de l’armée du 30 août 2023, selon une plainte transmise jeudi à l’AFP.
Ali Bongo et ses fils Jalil et Bilal, ont été placés en résidence surveillée, sans moyen de communication ni « aucune poursuite par les autorités gabonaises » ; ils sont « victimes d’une séquestration en dehors de tout cadre légal », affirment les avocats parisiens de la famille, Mes François Zimeray et Jessica Finelle, qui précisent avoir tenté « en vain » de rendre visite à deux reprises à l’ancien président.
Les deux avocats insistent particulièrement sur le sort réservé à Sylvia Bongo et son fils aîné Noureddin, tous deux de nationalité française, « victimes de tortures psychologiques et physiques » et incarcérés depuis le 12 octobre, dénoncent-ils dans une requête à des experts du Haut commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU.
Après avoir été « emmenée de force du palais présidentiel » et placée en résidence surveillée, Sylvia Valentin Bongo a été inculpée le 28 septembre pour détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux et faux et usage de faux, sans être autorisée à s’entretenir avec un avocat pour préparer sa défense, selon eux.
« Elle fut victime de tortures tant physiques que psychologiques. Elle assista, impuissante, à des sessions de tortures et actes de barbaries à l’encontre de son fils Noureddin. Elle fut elle-même victime de coups, de strangulations et de jets violents d’eau froide » et fut « forcée de signer des actes de cession de ses biens et actifs », affirment encore les conseils.
« Le sort réservé à Monsieur Noureddin Bongo est tout particulièrement préoccupant. C’est sur lui que se concentre la soif de vengeance des nouvelles autorités de Libreville », poursuivent-ils, en énumérant une série « d’humiliations » et maltraitances.
La détention de Sylvia et de Noureddin Bongo « ne respecte pas les normes internationales relatives au droit à un procès équitable » – droit à un tribunal impartial, moyens de préparer leur défense, argumentent Mes Zimeray et Finelle qui dénoncent aussi une « discrimination » à l’égard de l’ensemble de leurs clients fondée « sur leur origine sociale, sur leur situation économique et sur des considérations politiques ».
Avant d’être chassée du pouvoir par le coup d’Etat d’août dernier, la famille Bongo –le père, Omar, pilier de « la Françafrique » de 1967 à 2009, puis le fils Ali– a dirigé pendant 55 ans le Gabon, petit État d’Afrique centrale riche en pétrole, sous le joug d’une élite accusée par ses opposants de « corruption massive » et de « mauvaise gouvernance ».
Avec AFP