Ce macroniste de la première heure, décrit comme « bon élève », ou « la meilleure incarnation de l’ADN macroniste », était entré en 2017 au gouvernement, où il a connu une ascension spectaculaire.
Gabriel Attal, qui ne fait pas mystère de son homosexualité, était devenu la personnalité la plus populaire du gouvernement et de la majorité, convaincant un Français sur deux, alors que plus d’un tiers d’entre eux réclamaient sa nomination à Matignon dans une récente étude.
A trois ans de la fin de son second mandat, M. Macron se trouve, lui, dans une situation délicate face à la percée continue de l’extrême droite dans le pays et en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Mme Borne, en 20 mois à Matignon, a réussi à faire passer des lois difficiles, notamment la très impopulaire réforme des retraites au printemps dernier et la loi controversée sur l’immigration en décembre. Elle a surmonté une trentaine de motions de censure.
« Alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement, je voulais vous dire combien j’ai été passionnée par cette mission, guidée par le souci constant, que nous partageons, d’aboutir à des résultats rapides et tangibles pour nos concitoyens », a écrit Mme Borne au président Macron, une lettre obtenue par l’AFP.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui fut un temps son rival pour Matignon, a salué sur X une femme « engagée et courageuse, menant des réformes difficiles sans se soucier de sa popularité ».
« Une réforme des retraites injuste et deux douzaines de 49.3. Voilà ce que l’Histoire retiendra du gouvernement Borne », a critiqué Laure Lavalette, députée Rassemblement national (extrême droite). Le patron du parti Les Républicains (droite), Eric Ciotti, a de son côté salué « une interlocutrice de qualité ».
– Mécontentement croissant –
Le choix de son successeur est loin d’être neutre pour maintenir l’équilibre précaire du camp présidentiel, mis à mal dernièrement par les divisions sur loi immigration. Le chef de l’Etat fait face à un mécontentement croissant depuis sa réélection en 2022.
Si le patron des députés du parti au pouvoir Renaissance, Sylvain Maillard, a assuré sur la chaîne LCI que ses troupes « travailleront en toute loyauté » avec le prochain Premier ministre, en coulisses beaucoup redoutent un nouveau coup de barre à droite, alors que les élections européennes se profilent en juin.
Après deux mandats, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter en 2027 et un enjeu crucial sera d’empêcher la figure de proue de l’extrême droite, Marine Le Pen, qu’il a vaincue au second tour des deux dernières présidentielles, de le remplacer.
Doté d’un profil politique et très à l’aise devant les médias, Gabriel Attal, alors qu’il était au Budget, avait été l’un des rares ministres envoyés en première ligne pour défendre l’impopulaire réforme des retraites.
A la tête du prestigieux portefeuille de l’Education nationale depuis juillet 2023, le jeune ministre a séduit les populations âgées qui constituent le cœur de l’électorat macroniste, avec ses prises de position en faveur de l’uniforme ou de l’interdiction de l’abaya à l’école.
En France, le président fixe traditionnellement les grandes orientations du quinquennat, tandis que son Premier ministre, responsable de la gestion quotidienne du gouvernement, paie généralement les pots cassés en cas de turbulences. Mais M. Macron est régulièrement accusé par ses détracteurs de concentrer les pouvoirs et faire de la micro-gestion.
« Le Premier ministre, ce sera Emmanuel Macron », a ainsi ironisé à la télévision publique le candidat de gauche aux européennes Raphaël Glucksmann, dénonçant la « dérive personnelle du pouvoir ».
Avec AFP