La première rencontre scientifique du festival sur le Niger, « Ségou Art » s’est tenu ce 1er février au Centre culturel Korè de Ségou, sur le marché du streaming musical et la monétisation des œuvres des artistes. Plusieurs acteurs culturels du continent sont intervenus dans ce remue-méninge qui touche le cœur de la musique africaine en cette époque technologique, la plateforme YouTube très consommée, ne génère pas de revenu dans certains pays africains même les plus urbanisés, notamment en Côte d’Ivoire et RDC.
Le festival sur le Niger, n’est pas que les spectacles culturels et artistiques, c’est aussi des moments de brainstorming et des tables rondes sur des sujets liés à la culture.
En cette période de digitalisation, le marché du streaming domine l’écosystème musical mondial, pourtant le continent africain reste un peu en retard dans cette immersion digitale, qui permet « aujourd’hui aux artistes de vivre de leur art, même sans faire de spectacles », a informé Aziz Dieng, un acteur culturel sénégalais, membre de l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle.
Le streaming par définition, selon Dieng, « c’est l’écoute de la musique en ligne, en s’abonnant aux comptes de l’artiste de votre choix sur les plateformes de streaming », qui sont notamment, Spotify, Deezer, YouTube etc…
Selon les panélistes, en Afrique de l’ouest francophone, à part le Sénégal, YouTube ne génère de revenu dans aucun pays de la région, « parce que pour la plateforme, il y’a très peu de publicité dans ces pays-là. Je pense que la question de la monétisation des artistes est un sujet à la portée publique, et demande une vision politique claire sur la culture ».
Guy Constant, un acteur culturel ivoirien, a évoqué l’inadéquation de ces plateformes avec l’environnement musical africain, «je me souviens, Deezer a quitté Abidjan à cause du problème de bancarisation des artistes et le marché n’était pas très rentable pour eux ».
Un raisonnement partagé par plusieurs intervenants qui ont reconnu que le continent n’est pas encore prêt pour ce marché, « on n’est pas encore en mesure de payer de grosses sommes pour écouter la musique », a souligné un intervenant.
« Par exemple, pendant la CAN, la chanson Coup du marteau a généré plus de 16 millions de vues sur YouTube, mais l’artiste gagne zéro franc pour ces vues-là. Parce que la plupart des personnes qui ont écouté cette musique sur YouTube, viennent dans les pays africains où la plateforme ne génère pas de revenu », a reconnu Guy Constant. Il a indiqué dans son intervention sa façon de travailler avec les plateformes, « nous, nous focalisons notre marché de YouTube sur la diaspora, à travers cela nous et l’artiste gagnons en même temps quelque chose parce que la plateforme monétise dans ces pays-européens là ».
« Il faut que nous les acteurs de la culture, faisons en sorte d’impliquer nos autorités politiques dans ce schéma de monétisation à travers les plateformes du streaming. Le monde d’aujourd’hui est digital et l’Afrique ne doit pas rester en marge de cette évolution. Nos musiques ont besoin de la digitalisation », a estimé Aziz Dieng, l’acteur culturel Sénégalais.
l’importance du Streaming
Selon Aziz Dieng, “aujourd’hui, 70 à 80% des pourcentages (bénéfices) de la musique enregistrée viennent du streaming”
L’artiste musicien sénégalais a mis en garde, “il faut que la question culturelle avance et qu’on cesse de voir la culture comme un élément folklorique qui sert seulement à distraire”
Le coordinateur général de Ségou Art – Festival sur le Niger, Djibril Guissé a affirmé en prélude de cette table ronde l’urgence de repenser la diffusion musicale, “au vu des multiples défis liée à la distribution des œuvres musicales, il devient urgent de repenser la diffusion, garantir un écosystème viable et une rémunération adéquate pour les créateurs de musique”.
Mohamed Camara / Envoyé spécial ©️Malikonews.com