Festival sur le Niger : retour sur les 20 années de cet évènement qui a fait de Ségou, un lieu culturel par excellence

Le Festival sur le Niger a célébré ses 20 années, cette année. Crédit photo : Festival sur le Niger

En 20 ans d’existence, le festival sur le Niger a fait de Ségou un lieu de rencontre internationale autour de la culture et s’est imposé comme une véritable industrie culturelle du pays. D’une ville sans attrait, hors de sa culture historique, naguère, s’est substitué un lieu cosmopolite aujourd’hui.  

Ségou n’était qu’une escale de voyage. Une ville qui n’avait pas grand-chose à offrir à tous ces voyageurs qui la traversaient via la RN6, la seule route goudronnée de la ville avant la CAN 2002.

« Après la CAN 2002, les quelques hôtels qui étaient dans la ville, ont connu un problème d’accueil. Donc il a fallu maintenant que les patrons des hôtels pensent à mettre quelque chose sur place en collaboration avec les autorités locales », nous a confié un vieux retraité du nom de S.K, qui avait pris part aux trois premières éditions du festival.

C’est ainsi que Mamou Daffé, directeur et fondateur du festival sur le Niger – Ségou Art, et quelques chefs hôteliers de la ville, ont initié en 2004, un événement culturel de trois jours, qui finira aujourd’hui de devenir l’un des rendez-vous incontournables autour de l’art et de la culture dans la sous-région.

« Le but était d’abord de fidéliser une clientèle pour les hôtels. Pour faire de cela une réalité, les clients auront forcément besoin de voir des lieux touristiques et culturels autour de la ville de Ségou, qui est une ville très historique. Je pense qu’à 20 ans, le festival a permis aujourd’hui de changer l’image de la ville. On se sent dans une ville bien transformée et très attrayante sur plusieurs aspects », a estimé S.K

La fondation du festival

Cette institution du festival sur le Niger a été créée en août 2009, en marge de la 6ème édition de l’activité, selon Djibril Guissé, coordinateur général de l’édition 2024 de Ségou Art, « la mission de la fondation festival sur le Niger est de capitaliser les acquis du festival, de contribuer à la promotion de la culture africaine et locale, à la sauvegarde du patrimoine, à la promotion de l’économie locale de la région, à la structuration du secteur de la culture, à la production culturelle et à la décentralisation culturelle ».

Cette institution par excellence de cet évènement a contribué, d’après les organisateurs, à faire de Ségou, une ville d’excellence culturelle au Mali et en Afrique et a permis d’accroître sa notoriété à travers le monde. Les domaines de spécialisation de la fondation varient entre la recherche et élaboration d’études et de rapports sur la culture, des spectacles vivants (musique, danse, expression théâtrale), des arts visuels, la sauvegarde du patrimoine et des formations. Ce lieu embauche aujourd’hui des jeunes autochtones de Ségou, qui gagnent leur vie, « je travaille ici depuis 2 ou 3 ans maintenant, ce qui me permet de rester dans la ville qui m’a vu grandir et contribuer à son agrandissement », a réagi Lasseni Coulibaly.

Selon Mamou Daffé, le président de la fondation, « notre engagement profond à travailler dans le domaine de la culture dans le cadre d’un territoire (Ségou) avec la jeunesse malienne et africaine. C’est ce triptyque culture – territoire – jeunesse qui sous-entend notre vision pour le futur du Mali et de l’Afrique ».

L’édition 2024

Le festival sur le Niger a 20 ans, et pour les ségoviens, « ça se fête ». La ville de Ségou était prise d’assaut par de nombreux festivaliers venus du Mali et d’ailleurs. Plus de 40 000 festivaliers étaient attendus dans la ville Bambara du Mali, et plus de 300 acteurs culturels venus des quatre coins du monde, selon Djibril Guissé, coordinateur du festival sur le Niger, Ségou Art”.

« Cette année, nous avons décidé de garder l’ensemble des composantes traditionnelles de Ségou Art – festival sur le Niger, à savoir le concert géant sur les berges du fleuve et les autres programmes. Mais pour les 20 années, nous avons concocté beaucoup d’innovations, notamment une nuit dédiée au hip-hop malien et plein d’autres éléments », avait déclaré le coordinateur général de Ségou Art.

Cette 20ème édition s’est déroulée autour de plusieurs programmes artistiques notamment, des scènes théâtrales, des pas de danse des professionnels, une caravane de la paix, des concerts géants sur les berges du fleuve, pas que cela, aussi des tables-rondes autour des thématiques artistique et culturelle.

Le festival sur le Niger a rendu un hommage à Cheikh Anta Diop, un brillant intellectuel sénégalais et auteur de « l’Afrique Noire », ce samedi 03 février. Désormais la nouvelle médiathèque du centre Korè de Ségou porte le nom de Cheikh Anta Diop, qui a été officiellement ouvert au public en présence du directeur-fondateur du festival et plusieurs intellectuels africains.

Mamou Daffé et Ibrahima Wane, ont tous les deux évoqué leur intérêt commun pour les travaux de cet historien convaincu et parlé de ses livres qui constituent selon eux des trésors qui seront toujours utiles à l’Afrique.

Les rideaux sont officiellement fermés sur cette 20ème édition du festival sur le Niger, au centre Koré, ce dimanche 04 février, par un concert du pianiste international, le malien Cheick Tidiane Seck, qui s’est réjoui d’être parrain artistique du festival, « j’ai été honoré par ce trophée pour les 20 ans du festival sur le Niger. Un hommage à mon égard en tant que parrain artistique du festival durant des années ».

 

Mohamed Camara / Envoyé spécial  ©️ Malikonews.com

Auteur/Autrice

Également : ,

Autres articles