Dès l’annonce des résultats, l’opposant Martin Fayulu, revendiquant la victoire, l’accusait de « putsch électoral » en complicité avec Joseph Kabila, tandis que le ministre français des Affaires étrangères d’alors évoquait un « compromis à l’africaine ». Ces rappels agacent Félix Tshisekedi, qui dément tout « arrangement frauduleux » avec son prédécesseur.
Au début de son mandat, un accord de coalition le liait à Joseph Kabila. Au bout de deux ans, il le faisait voler en éclats et s’affirmait seul chef à bord. Le « fils de » se faisait un prénom.
Ses jeunes années ont été marquées par le combat d’Étienne Tshisekedi. A 19 ans, troisième d’une famille de cinq enfants, il suit son père relégué par le dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997) dans son village du Kasaï (centre). A 22 ans, « Fatshi », sa mère et ses frères prennent le chemin de l’exil en Belgique, pays qu’il considèrera comme son « deuxième Congo ».
Dans l’ombre de la figure paternelle, il gravit les échelons du parti d’opposition Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
En 2011, il est élu député national à Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï, et refuse de siéger, pour respecter le mot d’ordre de son père contre la réélection contestée de Joseph Kabila, dont il dénonce la « dictature ».
– « Le peuple d’abord » –
Une fois au pouvoir, il soigne son image à l’étranger où il multiplie les déplacements, en rupture avec l’isolationnisme de son prédécesseur.
L’homme est décrit comme d’un abord courtois, à l’écoute. Le ton de la voix est mesuré, le débit presque traînant.
Réputé bon vivant, trop de l’avis de détracteurs qui le considèrent comme un oiseau de nuit inapte à la fonction de chef d’Etat, M. Tshisekedi détient officiellement un diplôme en marketing et communication, dont certains mettent en doute la validité.
« Le peuple d’abord » étant la devise de son parti, il promet d’améliorer la vie des Congolais qui, malgré les immenses richesses géologiques du pays, vivent en majorité sous le seuil de pauvreté. Il s’engage aussi à tout faire pour ramener la paix dans l’Est, en proie aux violences de multiples groupes armés depuis le milieu des années 1990.
Il assure également vouloir lutter contre la corruption et les « anti-valeurs ». De manière très spectaculaire, son allié et directeur de cabinet Vital Kamerhe est arrêté en 2020 et condamné pour détournement de fonds. Deux ans plus tard, sa condamnation est annulée et, en 2023, Félix Tshisekedi le nomme ministre de l’Économie.
Pour beaucoup d’observateurs, cette nomination était une manière de s’assurer qu’il ne serait pas candidat à la prochaine présidentielle, tout comme l’ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba, autre poids-lourd de la politique congolaise, nommé à la Défense.
Après cinq ans, le pouvoir revendique des réalisations sociales comme la gratuité de l’enseignement primaire et met en avant de bons résultats macro-économiques.
Mais la vie est toujours aussi dure pour les Congolais, la corruption continue d’empoisonner le « climat des affaires » et les violences ont redoublé dans l’Est, en proie depuis deux ans à une rébellion soutenue par le Rwanda voisin. Son bilan en terme d’espace démocratique est également mitigé, avec des arrestations d’opposants et de journalistes à l’approche des élections.
Félix Tshisekedi reconnaît qu’il reste à faire mais considère qu’il lui faut juste plus de temps pour tenir ses promesses.
Avec AFP