Avant la recontre prévue le 15 août en Alsaska entre Vladimir Poutine et Donald Trump à l’invitation de ce dernier pour parler de l’Ukraine, retour sur quelques sommets illustrant les relations parfois tumultueuses entre présidents américains et maîtres du Kremlin.
– Eisenhower-Khrouchtchev: un Soviétique chez les Américains –
En septembre 1959, Nikita Khrouchtchev effectue, à l’invitation du président américain Dwight Eisenhower, la première visite aux Etats-Unis d’un secrétaire général du Parti communiste soviétique.
Le tout-Hollywood – Marylin Monroe et Elizabeth Taylor en tête – se presse au déjeuner donné en l’honneur de « Monsieur K ». Devant micros et caméras, le bouillant dirigeant s’offusquera de s’être vu refuser l’entrée de Disneyland.
Après leurs entretiens à Camp David, résidence de campagne des présidents américains, les deux dirigeants annoncent vouloir oeuvrer à un désarmement général et reprendre des négociations sur le statut de Berlin que la Guerre froide a séparé en deux.
– Kennedy-Khrouchtchev: face à la Guerre froide –
Les 3 et 4 juin 1961 à Vienne, face au roué Nikita Khrouchtchev, le jeune président John Fitzgerald Kennedy se présente affaibli par l’échec retentissant en avril d’une tentative d’invasion à Cuba, dans la Baie des cochons.
En août, le Mur de Berlin est érigé et, en octobre 1962, éclate la crise des missiles déployés par l’URSS à Cuba. Le monde frôle la guerre nucléaire. L’épisode, clos par un retrait des missiles soviétiques, débouche sur l’installation en 1963, d’un « téléphone rouge » (à l’époque un simple télex), pour permettre aux dirigeants des deux superpuissances de communiquer directement.
– Brejnev-Nixon: ère de détente –
Du 22 au 30 mai 1972, l’ombre de la guerre du Vietnam plane sur le sommet réunissant à Moscou Richard Nixon et le dirigeant soviétique Leonid Brejnev.
Ce voyage, le premier d’un président américain en URSS, a néanmoins inauguré une ère de « détente » entre les États-Unis et l’URSS avec la signature des traités ABM de défense antimissiles et SALT-1 limitant les armements stratégiques. « A l’âge nucléaire, la coexistence pacifique est la seule base pour le développement des relations mutuelles », affirmeront les deux dirigeants.
Nixon et Brejnev se rencontrent encore en 1973 à Washington et 1974 à Moscou. Cette période de détente s’achève en 1979, avec l’entrée des chars soviétiques en Afghanistan.
– Reagan-Gorbatchev: un « nouveau départ » –
Du 19 au 21 novembre 1985, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev renouent à Genève le dialogue soviéto-américain après six ans de gel et trois crises – Afghanistan, Pologne et euromissiles de l’OTAN.
Le nouveau chef réformateur du Kremlin promeut la détente. Le conservateur américain met en sourdine ses sorties sur l’Union soviétique « Empire du Mal » et le sommet est salué comme « un nouveau départ ».
En décembre 1987, à la troisième des quatre rencontres Reagan-Gorbatchev, est signé le traité historique sur l’élimination des forces nucléaires à portée intermédiaire (INF).
– Bush-Eltsine: un duo d' »amis » –
Les 1er et 2 février 1992, c’est en « ami » que le président russe Boris Eltsine est accueilli par son homologue américain George Bush, lors de sa première visite aux Etats-Unis depuis la dissolution de l’URSS, fin 1991.
Juste avant ce sommet largement informel, le Conseil de sécurité de l’ONU a consacré la Russie comme successeur de l’Union soviétique dans cette instance.
– Clinton-Eltsine: un fou-rire mémorable –
Entre l’arrivée à la Maison Blanche en janvier 1993 de Bill Clinton et la démission de Boris Eltsine du Kremlin le 31 décembre 1999, les deux présidents auront, au delà de multiples désaccords, tissé d’étroites relations au fil de huit sommets américano-russes.
Le 23 octobre 1995, en clôture du sommet de Hyde Park, près de New York, qui n’a permis aucune percée sur les points de tension du moment, Eltsine lance d’une voix tonitruante aux journalistes: « vous aviez dit que notre rencontre serait un désastre, mais je vous dis que le désastre, c’est vous qui l’avez subi ».
Bill Clinton est pris d’un fou rire monumental, sous le regard goguenard de son homologue russe.
– Trump-Poutine : un unique sommet à ce jour –
Les deux chefs d’Etat se sont rencontrés à plusieurs reprises en marge de réunions internationales, à chaque fois au cours du premier mandat du président américain, mais ne n’ont tenu à ce jour qu’un seul sommet bilatéral.
Celui-ci a lieu à Helsinki le 16 juillet 2018. A l’issue d’un tête-à-tête de deux heures, les deux hommes affichent leur volonté d’écrire un nouveau chapitre des relations entre Washington et Moscou. Mais aux Etats-Unis, Donald Trump suscite un tollé pour s’être montré trop conciliant sur la question de l’ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016, attestée de façon unanime par le FBI et les agences américaines du renseignement.
– Biden-Poutine : une volonté d’apaisement –
Après des mois de tension ayant abouti à une quasi-rupture des relations diplomatiques, Joe Biden et Vladimir Poutine échangent, le 16 juin 2021, pendant 03H30 à Genève. A l’issue de l’entrevue, les deux dirigeants affichent leur volonté d’apaisement et un même satisfecit.
« C’était important de se rencontrer en personne », affirmait le nouveau président américain qui quelques mois plus tôt avait estimé, en réponse à un journaliste, que Vladimir Poutine était « un tueur ».
Moins d’un an plus tard, débutait l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Avec AFP