Élections en Afrique du Sud : décompte en cours, la majorité ANC menacée

Élections en Afrique du Sud : décompte en cours, la majorité ANC menacée. © DR

Ajoute derniers résultats partiels, experts, citations d’électeurs, couleur, conférences de presse de la Commission électorale prévue dans la journée

De premiers résultats partiels des législatives en Afrique du Sud, avec environ 20% des votes comptabilisés, donnent jeudi l’ANC au pouvoir sous la barre fatidique des 50%, au lendemain d’un scrutin qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire du pays.Après trente ans d’une loyauté sans faille des électeurs à l’égard de l’ANC, pour avoir libéré l’Afrique du Sud du régime raciste de l’apartheid, le parti de Nelson Mandela devrait pour la première fois perdre sa majorité absolue au Parlement, selon experts et enquêtes d’opinion.

A la mi-journée, le Congrès national africain (ANC) cumulait 43,3% des voix sur 19,87% des votes comptabilisés, contre près de 25% pour le plus grand parti d’opposition (Alliance démocratique, DA), selon la Commission électorale (IEC).

Mais les votes des grandes agglomérations — Johannesburg, Durban et Le Cap, n’étaient pas encore pris en compte. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant le week-end.

Plus de 27 millions d’électeurs étaient appelés mercredi à désigner leurs 400 députés, qui éliront ensuite le président. Le dépouillement a commencé dès la fermeture des bureaux mercredi soir, certains ayant fini tard dans la nuit en raison d’une forte affluence.

L’IEC, qui s’adressera à la presse plus tard dans la journée, anticipe une participation plus élevée que les 66% obtenus en 2019 lors des dernières législatives.

Pour nombre des 62 millions de Sud-Africains, l’ANC, qui avait promis lors des premières élections multiraciales en 1994, l’éducation, l’eau et un toit pour tous, n’a pas tenu ses engagements: la criminalité atteint des records, la pauvreté et les inégalités vont croissant.

Le quotidien est aussi rongé par des coupures d’eau et d’électricité. Et les affaires de corruption impliquant ses hauts responsables a fini d’entamer une confiance déjà mise à mal.

– « Plus besoin de l’ANC « –

Dans le centre de Johannesburg, des télévisions allumées dans les boutiques font défiler en direct tendances et projections au lendemain du scrutin. Les clients affairés passent en jetant un rapide coup d’œil.

« J’ai bon espoir que le parti au pouvoir va changer et que l’ANC se rendra compte qu’on n’a plus besoin de lui », dit à l’AFP Shaun Manyoni, un étudiant de 21 ans.

Dans la province zouloue (KZN, est) et bastion traditionnel de l’ANC où l’armée est déployée jeudi, le petit parti Umkhonto We Sizwe (MK) du sulfureux ex-président Jacob Zuma est pour le moment en tête avec plus de 43% des voix.

« Ma mère et moi avons voté MK », lance d’un air bravache Londi Mbatha, 20 ans. « Avec l’ANC, le chômage n’a fait qu’augmenter, la jeunesse et la formation ont été laissées de côté ».

« Le MK est vraiment venu grignoter des voix à l’ANC », souligne le professeur en politique Siphamandla Zondi, interrogé par l’AFP. De nombreux observateurs prédisent que la province clef, qui rassemble plus de 20% de l’électorat du pays, tombera aux mains de Jacob Zuma.

L’ancien chef d’Etat (2009-2018) de 82 ans, déclaré inéligible quelques jours avant le scrutin, bénéficie encore d’un fervent soutien populaire particulièrement dans son fief du KZN.

L’ANC, qui détient actuellement 230 sièges de députés (57,5%) devrait rester le plus gros parti au Parlement. Mais s’il passait sous la barre des 50% des votes, il devrait se résoudre à nouer des alliances et se soumettre à des négociations pour la formation d’un gouvernement de coalition, dont les experts se disputent encore les contours.

Le chef de la DA, John Steenhuisen, a annoncé l’avènement d’une nouvelle ère après trente ans de scrutins où « il allait de soi que l’ANC allait gagner ».

Le président Cyril Ramaphosa, 71 ans, qui compte sur un second mandat, a répété mercredi qu’une victoire de l’ANC ne fait « aucun doute ». Mais la toute-puissante organisation ressortira affaiblie du scrutin, s’accordent à dire les spécialistes.

Avec AFP

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