Éditorial du Monde : Menaces sur le modèle sénégalais

Le Sénégal a connu, entre le 1er et le 3 juin, ses pires troubles depuis des années. (Photo Jérôme Favre/EPA)

Soupçonné d’envisager une troisième candidature à la présidentielle, contre l’esprit de la Constitution, Macky Sall est pourtant bien placé pour évaluer les risques d’une telle entreprise, alors que domine au Sénégal le sentiment de l’affaiblissement des institutions démocratiques et des personnalités qui l’incarnent.

Le président du Sénégal, Macky Sall, joue-t-il avec un feu qui risque d’embraser la rue s’il va jusqu’au bout de l’intention que beaucoup lui prêtent, briguer un troisième mandat présidentiel en février 2024 ? Légalement, il semble qu’il puisse le faire. La Constitution prévoit certes que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Mais le ministre de la justice a, lui, déjà tranché en affirmant que « le premier mandat est celui allant de 2019 à 2024 ». Selon lui, la révision constitutionnelle de 2016 a remis les compteurs à zéro et donc « effacé » la première élection de M. Sall, en 2012.

La question déborde du débat feutré de constitutionnalistes. Les opposants au troisième mandat rappellent que le président Macky Sall s’était engagé, il y a plusieurs mois, à s’arrêter là où il en est. Depuis, il entretient une ambiguïté qui accrédite chaque jour davantage le scénario d’une nouvelle candidature. D’autant que les structures de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY), multiplient les manifestations « spontanées » de soutien à leur champion.

Lire la suite sur https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/05/10/menaces-sur-le-modele-senegalais_6172776_3232.html

Auteur/Autrice

Autres articles