Crise énergétique : Le directeur général d’EDM, limogé

Koureissi Konaré, directeur général sortant d'EDM. DR

La décision était attendue depuis le remaniement ministériel du 1er juillet 2023. Le conseil des ministres d’hier mercredi 20 septembre a acté le limogeage du directeur général d’EDM – SA (Société énergie du Mali), Koureichi Konaré, nommé à ce poste en juillet 2022. Soit une gestion d’un an et deux mois. Ce laps de temps n’aura pas permis à l’ancien DG de remettre d’équerre une entreprise stratégique mais plombée par des années de mauvaise gouvernance.

Il est remplacé, lors de la même séance du conseil, par Abdoulaye Djibril Diallo, un ingénieur de formation, issu de la même entreprise. Ce dernier aura-t-il l’habileté et la compétence de sortir la société de la zone de turbulence ? Les défis sont en tout cas nombreux.

La société ne parvenant jusque-là pas à satisfaire la demande en électricité qui croît de 10 % par an en moyenne selon les services du  ministère de l’énergie. La faute, notamment, à des centrales thermiques dépassées et gourmandes en énergies, explosant le budget alloué en carburant.

S’y ajoute une dette abyssale, qui obère davantage les perspectives de l’entreprise.

Un rapport du ministère de l’énergie datant de 2019 pointe « un coût de production très important du fait de la production thermique, ce qui conduit actuellement à un déficit de près de 50 francs CFA sur le prix de vente moyen du kWh ». Obligeant EDM à vendre l’électricité à perte.

Cette situation jugée suffisamment grave a poussé l’ancienne direction à chercher les moyens de renflouer l’unique distributeur d’électricité du pays.

C’est dans ce cadre que dans le premier trimestre 2023, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a acté la mise en place d’un programme d’apurement, d’un montant de 45 milliards de francs CFA au profit d’EDM. Ce programme vise à « assurer la continuité de la fourniture d’électricité aux populations maliennes et à soutenir le développement économique et social du pays », selon la BOAD. A terme, les autorités espèrent tirer profit du potentiel énergétique du Mali, dont les ressources hydroélectriques et photovoltaïques sont largement inexploitées.

Ce coup de pouce de la BOAD, combiné à la subvention annuelle de l’État d’autour de 130 milliards de francs CFA, au bas mot, pourra-t-il permettre à EDM de sortir la tête hors de l’eau et mettre fin au calvaire que vivent les ménages et les entreprises du pays ?

Il appartient désormais à la nouvelle équipe managériale d’apporter la réponse à cette question, à travers une gouvernance vertueuse, bannissant les malversations et autres magouilles que les différents audits de la société ont mis en lumière, et dont la presse fait ses choux gras.

Y. Traoré / Maliko News.

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