Les journalistes ivoiriens et de la presse étrangère en Côte d’Ivoire, ont rendu hommage jeudi à Jean Helène, journaliste de Radio France Internationale (RFI) assassiné il y a vingt ans à Abidjan par un policier, a constaté l’AFP.
Le 21 octobre 2003 au soir, Jean Hélène, correspondant de RFI à Abidjan âgé de 50 ans, a été abattu par un policier d’une balle de kalachnikov dans la tête, alors qu’il attendait à proximité du siège de la police nationale la libération de onze opposants au régime du président ivoirien d’alors, Laurent Gbagbo.
Lors d’une cérémonie commémorative à la Maison de la presse d’Abidjan, Amadou Coulibaly, ministre de la Communication, a rappelé que cet assassinat avait eu lieu dans un « contexte particulier de tension socio-politique », une rébellion ayant éclaté en 2002, coupant la Côte d’Ivoire en deux.
La mort de Jean Hélène est « une cicatrice hideuse, une balafre honteuse dans l’histoire de la presse en Côte d’Ivoire », a-t-il dit, ajoutant que même si Théodore Dago Séri, le policier l’ayant tué, avait été condamné en 2004 à 17 ans de prison, « les responsables sont encore là ».
Sans citer de nom, il a rappelé qu’à l’époque, la « responsabilité » de leaders politiques sur les propos qu’ils tenaient était engagée lorsqu’ils appelaient « leurs partisans à être inventifs, à prendre des initiatives » à l’encontre de ceux accusés de ne pas être de leur bord.
Représentant RFI à la cérémonie, Yves Rocle, ancien chef du service Afrique de la radio, a rappelé que Jean Hélène, qui a sillonné le continent africain tout au long de sa carrière – y couvrant notamment le génocide rwandais de 1994 – « ne jurait que par le reportage ». « Il voulait montrer, pas démontrer », a-t-il dit.
Plusieurs journalistes ivoiriens ayant travaillé avec Jean Hélène, ont tous mis en avant son « professionnalisme » et son « humanité ».
Après la cérémonie à la Maison de la presse, les journalistes présents ont marché jusqu’au lieu de l’assassinat de Jean Hélène où une gerbe de fleurs a été déposée.
La présidente de l’Association de la presse étrangère de Côte d’Ivoire (Apeci), M’ma Camara, a souhaité que la petite place proche de ce lieu soit baptisée du nom de Jean Hélène et que le 21 octobre soit décrété « jour national » pour la protection des journalistes.
La semaine prochaine, RFI commémorera le 10è anniversaire de l’assassinat d’une autre de ses journalistes, Ghislaine Dupont, abattue le 2 novembre 2013 à Kidal dans le nord du Mali, ainsi que le technicien qui l’accompagnait, Claude Verlon.
Avec AFP