L’organisation sous-régionale a surpris par ses décisions prises lors du 64ème sommet de ses chefs d’État à Abuja, ce 10 décembre. Les présidents de la république de la zone Cédéao réunis en conférence ont décidé d’assouplir les sanctions contre les pays de la région dirigés par les militaires, tout en restant vigilant. Si elle a demandé la libération immédiate et sans condition du président Mohamed Bazoum au CNSP, elle a également annoncé la mise en place d’un comité des Chefs d’Etat composé des présidents togolais, sierra-léonais, béninois et nigérian afin d’entamer le dialogue avec les putschistes de Niamey en vue de convenir d’une feuille de route pour une transition de courte durée. Les sanctions économiques et financières sont cependant maintenues contre le Niger. Par ailleurs, les Chefs de l’Etat ont vivement rejeté toute forme d’alliance visant à diviser la région et promouvoir des intérêts régionaux en son sein”.
La Commission économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest – Cédéao avait brandi la menace d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, en juillet. Elle avait pourtant annoncé à l’époque avoir mis en alerte sa force d’attente afin d’intervenir comme ce fut le cas en Gambie en 2016. Au lieu d’intervenir, l’organisation sous-régionale a préféré imposer des sanctions économiques contre le pays depuis quelques mois. A l’issue de ce sommet décisif, l’organisme a changé de ton et les Chefs de l’Etat ont voulu renouer le dialogue non seulement avec le Niger mais aussi avec tous les pays en transition, qui ont modifié de façon unilatérale leurs calendriers électoraux.
La situation nigérienne
La Cédéao a assoupli sa position contre le Niger mais a décidé de maintenir les sanctions économiques contre le pays. Dans le communiqué final, la conférence des présidents a demandé “la libération immédiate et sans condition” du président Mohamed Bazoum. Elle a notamment décidé de mettre en place un comité des Chefs d’Etat composé de Faure Gnassingbé, président togolais, Julius Maada Bio, président sierra-léonais, Patrick Talon, président béninois et d’un représentant du président nigérian, pour engager le dialogue avec le Cnsp et les autres parties prenantes nigériennes, en vue de « convenir d’une feuille de route pour une transition de courte durée ». Sur la base des résultats des discussions de la troïka avec les autorités militaires détenant le pouvoir, la conférence se dit prête à assouplir progressivement les sanctions imposées au Niger. Si le Cnsp « ne se conforme pas aux conclusions des discussions » avec la troïka, « la Cédéao maintiendra l’ensemble des sanctions et elle demandera à l’Union africaine et à ses partenaires d’appliquer les sanctions ciblées à l’encontre des membres du Cnsp et de leurs associés ».
Burkina Faso, Guinée et Mali
Dans sa délibération finale, la conférence des Chefs d’Etat a félicité les autorités de transition malienne pour le bon déroulement du référendum national et les efforts qu’ils ont déployés. Par contre, la conférence a déploré « les décisions prises unilatéralement en ce qui concerne la mise en œuvre du programme de transition » qui avait été convenu avec la Cédéao. Elle a également engagé la troïka des présidents réunis au sein d’un comité de médiation d’entreprendre d’urgence des visites au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, « en vue de renouer le dialogue avec les trois pays pour la mise en œuvre inclusive du programme transition ». Aussi, elle a annoncé « d’exempter les présidents, premiers ministres et ministres des affaires étrangères » des pays membres en transition, des interdictions de voyage et des autres sanctions ciblées imposées aux pays. En outre, les Chefs d’Etat ont rejeté avec vigueur « toute forme d’alliance visant à diviser la région et promouvoir des intérêts régionaux en son sein ».
En plus, la conférence a ordonné à la commission de reprendre sans délai les mesures visant à activer la force en attente de la Cédéao en mode cinétique, pour mener des opérations de lutte contre le terrorisme dans les zones infestées par les groupes armés terroristes.
Mohamed Camara / Malikonews.com