Can Côte d’Ivoire : les Maliens entre enthousiasme et crainte des délestages d’électricité

Une fan zone des aigles du Mali, dans la ville de Bamako. Crédit photo : Facebook Canalplus

Le début de la 34ème coupe d’Afrique des nations s’annonce « électrique » en Côte d’Ivoire, le stade d’Ebimpé a affiché, ce samedi, la présence de plus de 36 000 spectateurs sur les 60 000 possibles, malgré l’enthousiasme des ivoiriens, pour cette cérémonie d’ouverture aux couleurs spectaculaires. Les éléphants se sont déjà positionnés dans le groupe A, en battant les Djurtus de la Guinée-Bissau par un score de 2-0. Pour autant, la ferveur de la CAN se sent aussi dans les rues de la capitale malienne, Bamako. Toutefois les inquiétudes montent à quelques jours du match des aigles à Korhogo, la crise énergétique affectant l’enthousiasme des maliens.   

Ces dizaines de jeunes réunis autour de ce téléviseur ne prêtent même pas attention à   l’encombrant bruit de cette grosse machine flanquée à la porte de cette grande famille de Moribabougou. « Toute la journée, nous n’avons pas eu d’électricité. Nous pensions, comme c’est le début de la compétition, que nous aurions droit à quelques heures d’électricité pour cette journée footballistique », ronchonne un jeune amoureux de foot, concentré sur le match.

Si beaucoup d’Abidjanais craignent les embouteillages les jours de matchs dans une ville habituellement déjà congestionnée, les habitants de la ville de trois Caïmans, s’inquiètent plutôt de comment vivre pleinement la grande messe du football africain. En raison des heures de coupure d’électricité que la ville connaît déjà.

« Le Mali joue le mardi, nous espérons que l’EDM ne fera pas ce qu’elle a l’habitude de faire », craint ce supporter des aigles.

Dans les rues de Bamako, les maliens sont optimistes pour les chances des « Aigles » de «remporter cette coupe chez nos voisins ». Certains vont jusqu’à prédire, le match du 11 février, « je vois l’équipe malienne en finale contre le pays hôte, la Côte d’ivoire ou le Sénégal, un match 100% ouest-africain quoi », prédit Sidy Koné.

Pourtant, malgré cet enthousiasme populaire des supporteurs maliens, qui sont mobilisés derrière leurs « soldats du ballon rond », les incessantes coupures d’électricité suscitent des inquiétudes. Le Mali est en effet confronté à une crise énergétique sans précédent depuis presqu’une année, ce qui a obligé beaucoup à adopter des systèmes D face à ce marasme énergétique qui impacte le quotidien des maliens. En outre, les responsables de la société d’électricité publique et les autorités ont plusieurs fois réagi face à cette crise d’électricité qui persiste chaque jour.

Dans sa traditionnelle présentation des vœux du nouvel an, le chef de la transition, le Colonel Assimi Goita, avait fait savoir que cette crise énergétique est le résultat de plusieurs années de mauvaise gouvernance dans le pays. Le président avait affirmé ce jour, la transmission du dossier aux autorités judiciaires compétentes pour inculper les auteurs de ce crime économique. Avant lui, la cheffe du département de l’énergie du pays, avait évoqué une corruption organisée au sein de l’énergie du Mali.

« Je suis inquiet de ces délestages extrême qui frappent le pays, mais il ya déjà une solution pour que les gens puissent vivre cette Can d’à côté de chez nous. Plusieurs lieux publics brillent déjà aux couleurs de la compétition avec des écrans pour regarder les matchs en exclusivité », annonce Abdoulaye Maiga.    

Suivre les matchs en public    

Des lieux publics sont déjà choisis par le gouvernement et certaines entreprises pour permettre aux amoureux du foot de Bamako de vivre pleinement cette Can. Ce Samedi, la place Can 2002 de la capitale était envahie par des tas de personnes venues regarder cette entrée en lice des éléphants de la Côte d’ivoire contre les Djurtus de la Guinée-Bissau.

« Ces écrans géants publics nous permettent de vivre pleinement la Can, comme si nous étions déjà au stade », martèle, émotionnellement, un spectateur.

Cette même ambiance est vécue dans une pléthore de lieux publics de Bamako, notamment, « la foire de la CAN » au Centre international de conférence de Bamako, le palais des sports, la place Can 2002 de l’ACI-2000, même le « Raildâ » au centre-ville a son écran géant pour permettre aux maliens de vivre cette messe du foot continental.

A Korhogo

En revanche d’autres supporteurs maliens rêvent déjà, comme cet ivoirien de Bouaké, Oumar Doumbia, qui avait assuré à l’Agence France Presse – AFP, de ne jamais avoir eu la chance d’assister à une coupe d’Afrique.  Mais « Je suis un homme heureux aujourd’hui et je ne manquerai aucun match au stade ». Les maliens aussi, ne veulent rater aucun match des aigles à Korhogo.

« Korhogo, c’est tout près de nous, nous sommes déjà en préparation pour débarquer dans cette grande ville ce lundi pour l’entrée en lice de nos joueurs », nous affirme Mohamed Traoré.

A rappeler que les 24 sélections sont attendues dans cinq villes : outre Abidjan et ses deux stades, les équipes seront réparties entre la capitale politique Yamoussoukro, la grande ville de Bouaké, San Pedro (sud-ouest) et Korhogo (nord).

 « Mobilisons-nous pour faire de cette CAN une grande fête de la jeunesse, de l’hospitalité ivoirienne et de la fraternité africaine », avait déclaré le président ivoirien Alassane Ouattara lors de son discours du nouvel an.

En 13 participations, les Aigles ont été sacrés une fois, médaille d’argent (2ème), deux fois médaille de bronze (3ème) et 5 fois demi-finaliste.

Plus d’un 1,5 millions de visiteurs sont en effet attendus en Côte d’ivoire pour cette 34ème édition de la CAN. Dans la capitale économique, des ballons blancs siglés « Akwaba » – « Bienvenue » en langue akan– parsèment déjà le pont qui mène au quartier du Plateau et les panneaux publicitaires aux couleurs de la sélection des Eléphants pullulent.

Akwaba” à l’Afrique au pays de Félix Houphouët Boigny.

Mohamed Camara / Malikonews.com

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