La justice burkinabè a de nouveau ordonné la libération de Guy Hervé Kam, célèbre avocat et leader de la société civile, arrêté fin janvier et détenu depuis, a indiqué mercredi son organisation.
« La Cour administrative d’appel (de Ouagadougou) statuant en dernier ressort, a confirmé mardi la décision rendue en première instance par le juge des référés » qui avait ordonné le 7 mars « la mise en liberté immédiate de Me Guy Hervé Kam, après avoir constaté que ses droits fondamentaux avaient été violés », indique un communiqué de Servir et non se servir (Sens), dont Me Kam est le coordinateur national.
La décision du 7 mars n’a pas été exécutée par les autorités burkinabè et l’avocat est toujours en détention.
Sens affirme que « la procédure ayant conduit à l’arrestation et la détention de Me Guy Hervé Kam est émaillée de graves irrégularités, notamment la violation des règles régissant la profession d’avocat ».
Et appelle « par conséquent les autorités à donner l’exemple en commençant par respecter les lois du pays et les décisions de justice qui sont rendues, faut-il le rappeler, au nom du peuple burkinabè ».
Guy Hervé Kam, enlevé dans la nuit du 24 au 25 janvier à l’aéroport de Ouagadougou par des hommes en tenue civile, est détenu depuis à la sûreté de l’Etat, au « mépris délibéré et inconsidéré des dispositions garantissant la liberté et l’indépendance de l’avocat et du barreau », selon l’ordre des avocats du Burkina Faso.
Il est notamment connu au Burkina pour avoir été l’avocat de la famille de Thomas Sankara, ex-chef d’Etat (1983-1987) tué lors d’un coup d’Etat perpétré par son successeur Blaise Compaoré.
Ancien magistrat, Me Kam est également un leader de la société civile burkinabè. Il a notamment co-fondé le Balai citoyen, un mouvement qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014.
En février, les avocats du Burkina Faso avaient observé un arrêt de travail, paralysant de nombreux tribunaux, pour exiger sa libération.
Plusieurs cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou.
En janvier, le gouvernement de transition avait affirmé avoir déjoué une « énième tentative de déstabilisation » et lancé une traque contre un réseau impliquant des militaires et des civils.
Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique qui ont fait près de 20.000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.
Avec AFP