Burkina : interpellation de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Ablassé Ouédraogo

Ablassé Ouédraogo
Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina. Crédit photo Facebook A. Ouédraogo
Ablassé Ouédraogo, ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères et ex-directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), a été enlevé dimanche par « des individus » disant appartenir à « la police nationale », a annoncé mercredi son parti politique, réclamant sa « libération immédiate ». Ablassé Ouédraogo, 70 ans, « a été emmené par des individus qui se sont présentés comme étant des éléments de la police nationale à son domicile à Ouagadougou, dimanche 24 décembre vers 18h30 », a écrit le parti qu’il préside, Le Faso autrement, dans un communiqué.Trois jours après cet enlèvement, le parti assure n’avoir « aucune nouvelle de son président et personne n’a pu lui parler » ni « ne sait exactement où il se trouve », ajoute-t-il.

Il appelle à sa « libération immédiate et sans conditions ».

Le Faso autrement, qui « condamne et dénonce fermement l’enlèvement » de l’ancien ministre, dit qu’il « tiendra pour responsables les auteurs de cet enlèvement pour toute atteinte qui serait portée à l’intégrité physique ou morale de M. Ouédraogo ».

Début novembre, le parti avait dénoncé la décision de l’armée de « réquisitionner son président, Ablassé Ouédraogo » pour « l’envoyer au front » dans « la lutte contre le terrorisme ».

Selon le Faso Autrement, cette réquisition est « une sanction » appliquée en réponse aux « prises de position » de l’homme politique.

Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères (1994-1999) de Blaise Compaoré, passé dans l’opposition en créant son propre parti, est très critique du régime militaire instauré depuis un coup d’Etat fin septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré.

Dans une lettre ouverte publiée debut octobre, il avait notamment dénoncé « les restrictions des libertés individuelles et collectives, le musellement de la presse » et « le recul de la démocratie », qu’il constatait depuis le coup.

Au moins une douzaine de dissidents ont été « réquisitionnés » au Burkina Faso pour « participer » à la lutte antijihadiste, avait déclaré l’ONG Human Rights Watch en novembre.

En outre, plusieurs cas d’enlèvements ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales à Ouagadougou, dont celui de Daouda Diallo, défenseur des droits humains enlevé par des hommes en civil début décembre.

Le Burkina est pris, depuis 2015, dans une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda.

Elles ont fait plus de 17.000 morts civils et militaires, selon les dernères estimations de l’ONG internationale Armed Conflict Location Action (Acled), qui répertorie les victimes des conflits à travers le monde.

Avec AFP

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