Ancien médecin urgentiste à Vernon, le docteur Jérémie Koné a écrit sa biographie avec l’autrice Joëlle Rouault.
Après une enfance passée au Mali, le docteur Jérémie Koné est arrivé en France en 1973 pour entamer des études de médecine. Ancien urgentiste à Vernon (Eure), il revient sur son passé dans un livre autobiographique, rédigé à quatre mains avec l’autrice normande Joëlle Rouault et intitulé Tu iras loin, mon fils (publié en 2020 aux éditions Insolente innocence, Ndlr).
Il sera en dédicace samedi 16 septembre 2023, à partir de 11h, à la Fnac de Saint-Marcel. Nous sommes allés à sa rencontre.
Votre livre, Tu iras loin, mon fils, est sorti en 2020. Comment en êtes-vous arrivé à écrire cette autobiographie ?
C’est un roman autobiographique que j’ai écrit avec Joëlle Rouault, une écrivaine normande. On s’est rencontré par hasard, chez des amis en commun, lors d’un déjeuner. Elle m’a posé des questions sur mon passé, d’où je venais. Déjà écrivaine, elle a voulu écrire un livre biographique et j’ai accepté.
Comment avez-vous procédé pour l’écriture ?
Ça s’est passé sous forme d’interview entre Joëlle et moi. Ensuite, nous avons relu ensemble les passages et corrigé les premiers jets.
Nous avons ensuite fait un comité de lecture, avec quatre ou cinq lecteurs. Nous avons réalisé un tapuscrit et nous avons trouvé une éditrice (le livre est édité par Insolente innocence, ndlr) qui s’est intéressée à notre travail.
Écrire ce livre a été à la fois simple et difficile. Simple parce qu’il suffisait de se voir pour écrire, mais difficile parce qu’il revenait sur des passages compliqués de mon histoire. Cet exercice a été une forme de thérapie pour moi.
Pouvez-vous revenir sur ce qu’il raconte ?
Ce livre retrace mon enfance, de ma naissance dans un petit village dans la campagne profonde du Mali à mon arrivée en France pour faire mes études de médecine. J’ai perdu ma mère à la naissance et j’ai été élevé par ma tante jusqu’à mes trois ou quatre ans, avant de fuguer chez mon père.
À l’âge de neuf ans, on m’a inscrit à l’école et je suis parti à douze kilomètres de chez moi. Je n’aimais pas l’école au début mais mon frère m’a remis dans le droit chemin et je suis devenu un des meilleurs élèves.
Après trois ans de lycée à Bamako j’ai choisi de devenir médecin, parce que mon père m’avait dit que s’il y avait eu un médecin dans notre village ma mère ne serait peut-être pas morte à ma naissance. J’ai fait la rencontre de Mauricette, une bénévole française, qui m’a aidé à m’inscrire à la faculté de Nancy pour y faire mes études de médecine.
On sent la détermination en vous, quand vous racontez votre histoire. Quel était le message que vous vouliez transmettre en publiant cette biographie ?
Il ne faut jamais se décourager dans la vie, peu importe ce qui nous tombe dessus. Beaucoup d’étudiants ont le même mérite que moi, je n’ai jamais bénéficié d’un franc pour mes études et j’ai réussi.
Je suis aussi le premier à qui l’État malien a demandé de rembourser ses études avant de partir pour la France. J’ai dû souvent insister pour en arriver où je voulais.
Vous avez gardé un contact avec le Mali, même si vous avez choisi d’exercer en France ?
Pendant plusieurs années, je suis retourné à l’hôpital de Bamako pour opérer des enfants nés sans œsophage. J’ai monté une association et j’ai obtenu le soutien de la faculté de médecine de Nancy.
Nous partions avec un anesthésiste et un chirurgien pédiatrique pour réaliser ces opérations. Je donnais également de temps en temps des formations à des médecins maliens, sur des techniques de césariennes notamment.
J’ai aussi eu pour projet de monter une clinique privée de renommée internationale sur le territoire, la faculté de Nancy était prête à nous aider. J’ai dû y renoncer parce que pour les interlocuteurs sur place tout était question de corruption. Je suis donc moins présent au Mali ces dernières années, surtout avec l’actualité politique.
Votre livre est sorti en 2020, avez-vous eu le temps d’en faire la promotion ?
Nous n’avons fait aucune promotion de notre livre jusqu’à maintenant. Les événements ont été longtemps interdits et les gens ont mis du temps à se réunir à nouveau. Nous avons décidé de relancer le livre et cette dédicace sera la première.
À la sortie du livre vous évoquiez un deuxième tome, est-il toujours d’actualité ?
Nous attendons de relancer le premier tome avant d’entamer l’écriture du deuxième. Pour le premier nous avions passé trois mois à l’écrire, avec des séances d’entretiens de cinq ou six heures.
Nous allons utiliser le même principe pour le prochain tome. Ce que je reconnais, c’est la capacité qu’a Joëlle de s’imprégner de mon histoire et d’arriver à trouver les mots justes.
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