La capitale malienne, Bamako a été le point de rendez-vous des trois pays de la zone de l’Alliance des États du Sahel – AES, en cette fin de semaine. Les États du Liptako-Gourma veulent accélérer l’opérationnalisation de l’alliance. Alors que, ce 22 novembre, la situation sahélienne a été au menu des discussions entre les présidents ivoirien et français à l’Élysée.
“Nous ne reculons devant aucune menace” a déclaré le chef de la transition nigérienne Abdramane Tiani, en faisant allusion aux trois pays de l’Aes, à l’issue de sa visite de quelques heures au Mali.
Le président Tiani a effectué, ce 23 novembre, sa première visite à l’étranger, au Mali. Il a enchaîné sur le Burkina Faso dans l’après-midi de ce même jour, ces visites sont mises à profit pour témoigner de son amitié et de sa fraternité à ces deux pays qui assistent le Niger dans l’embargo qu’il subit actuellement. Aussi, cette visite est l’occasion d’évoquer la situation de leurs alliances communes “celle de faire de cette zone du sahel, non pas une zone d’insécurité mais une zone de prospérité. Cet objectif, nous l’atteindrons inshallah, avec le concours du peuple”.
Le chef du gouvernement burkinabé, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, pour sa part, avait d’emblée planté le décor à sa descente d’avion sur le tarmac de l’aéroport international Modibo Keita de Bamako, dans la soirée du 22 novembre “C’est pour cela que j’appelle au courage, nous devons avoir le courage de franchir le pas de constituer une Fédération entre les Etats de la charte du Liptako Gourma qui constituent l’alliance des Etats du Sahel. Nous n’avons pas droit à l’erreur, sinon les générations futures ne nous le pardonneront pas… Et nous aurons l’occasion d’approfondir le sujet avec nos amis du Mali”
Toutes ces déclarations avaient-elles un lien avec la concertation ministérielle de l’alliance ? Pas totalement, ces visites de Tiani et du premier ministre Tambela étaient dans un cadre bilatéral. Mais l’envie ardente de concrétiser les idéaux de la charte de Liptako-Gourma germe de toute part entre ces trois pays.
En outre, selon les dispositions de la charte instituant l’AES, et sous l’impulsion de ses chefs d’Etats, les trois États ont décidé de tenir des concertations ministérielles en vue de dégager les perspectives d’opérationnalisation de l’alliance. C’est pourquoi les ministres des affaires étrangères, ceux de l’économie, des finances, de l’ énergie, du commerce et de l’industrie, et des experts de l’espace se réunissent à Bamako, depuis hier, 23 novembre. Ils discuteront autour de thèmes en lien avec le développement économique, et décideront des protocoles additionnels à adopter, des organes à mettre en place ainsi que des mesures politiques et de coordination diplomatique à définir. Cette rencontre ministérielle se tient jusqu’au 1er décembre.
Des militaires au pouvoir
Ces trois États réunis au sein de l’Aes sont aujourd’hui dirigés par des militaires, issus des putschs. La zone est aussi dominée par l’insécurité, les groupes armés terroristes continuent de semer la terreur et y ont presque installé leurs foyers. Alors que la signature de la charte du Liptako-gourma, le 16 septembre, par les chefs d’États du Burkina, du Niger et du Mali, a consacré le lancement d’un “mécanisme innovant, avec un leadership et une appropriation véritablement africains des solutions endogènes aux défis rencontrés par les pays de l’Alliance” “dès les jours suivant sa création, l’AES a démontré son attachement aux principes cardinaux de fraternité et de solidarité entre ses Etats membres, notamment à travers des mesures concrètes dans les domaines de la défense et de la coordination diplomatique”.
Leur relation diplomatique avec la France n’est plus “très amicale”. Après plus de dix ans d’opérations antidjihadistes au Sahel, l’armée française a été poussée vers la sortie au Mali, au Burkina Faso, puis en octobre au Niger, après des coups d’État militaires.
“Plein soutien de la France au président nigérien, Mohamed Bazoum”
A quelques milliers de kilomètres des sables gris sahéliens, le président français, Emmanuel Macron et son homologue ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, ont évoqué lors d’un tête-à-tête, la situation du Sahel, à l’Élysée, ce 22 novembre.
Ils ont notamment discuté des suites du coup d’état du juillet au Niger et la “dégradation rapide” de la situation sécuritaire, rapporte le communiqué de la présidence française. Macron a une fois de plus réaffirmé le “plein soutien de la France au président [nigérien] Mohamed Bazoum et a rappelé que sa libération constituait un préalable à toute négociation avec les putschistes “, Bazoum est toujours dans les geôles du Cnsp, depuis le 26 juillet.
Selon l’Élysée, le président a encore réaffirmé son soutien à la Cédéao “en vue de trouver une solution à la crise nigérienne”. L’organisation ouest-africaine a pris des sanctions contre le Niger, et brandit des menaces d’intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays, sans grand succès jusque-là. Même si des pays membres, comme la Côte d’ivoire, le Nigeria, Sénégal…avaient affirmé être disponibles à envoyer chacun un bataillon de soldats.
Le président français a “également exprimé son inquiétude quant à la dégradation rapide de la situation sécuritaire avec un nombre croissant d’attaques terroristes”, sans pourtant pas mentionner “la rentrée triomphale des forces armées maliennes à Kidal”, la ville bastion de la rébellion touareg du Mali, où avait séjourné les soldats français près de dix ans.
Mohamed Camara / Malikonews.com