Al Jazeera a annoncé que cinq de ses journalistes, dont un correspondant très connu de ses téléspectateurs, avaient été tués dimanche dans une frappe israélienne sur leur tente à Gaza.
« Le journaliste d’Al Jazeera Anas al-Sharif a été tué avec trois collègues dans ce qui semble être une attaque ciblée israélienne, a déclaré le directeur de l’hôpital al-Shifa à Gaza-ville », a rapporté la chaîne basée au Qatar.
L’armée israélienne a confirmé avoir ciblé Anas al-Sharif, qu’elle a qualifié de « terroriste » qui « se faisait passer pour un journaliste ».
Il « était le chef d’une cellule terroriste au sein de l’organisation terroriste Hamas et était responsable de la préparation d’attaques de roquettes contre des civils israéliens et les troupes » israéliennes, a-t-elle affirmé sur Telegram.
Anas al-Sharif était l’un des visages les plus connus parmi les correspondants couvrant au quotidien la guerre à Gaza, lancée en représailles à la sanglante attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
Selon Al Jazeera, « al-Sharif, 28 ans, a été tué dimanche après qu’une tente utilisée par les journalistes devant la principale entrée de l’hôpital a été frappée ».
La chaîne a fait état de quatre autres victimes: le correspondant « Mohammed Qreiqeh ainsi que les cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa ».
Israël avait déjà décidé en mai 2024 d’interdire la diffusion de la chaîne dans le pays et d’y fermer ses bureaux, résultat d’un conflit de longue date entre le média et le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s’est aggravé pendant la guerre en cours dans la bande de Gaza.
L’armée israélienne a accusé à plusieurs reprises les journalistes de cette chaîne d’être des « agents terroristes » à Gaza affiliés au Hamas.
Côté palestinien, l’Autorité palestinienne, qui détient une autorité partielle en Cisjordanie, avait interdit plusieurs mois à Al Jazeera de travailler et diffuser en début d’année, l’accusant d' »incitation à la sédition » et d' »ingérence ».
La chaîne dénonçait une décision visant selon elle sa couverture de « l’aggravation » de la situation dans le territoire occupé par Israël depuis 1967.
– Stricte censure –
Depuis le début de la guerre contre le Hamas à Gaza plus généralement, la presse internationale n’est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien.
Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués (en « embed ») avec l’armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire.
Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche avoir donné l’ordre à l’armée d’autoriser un plus grand nombre de journalistes de la presse internationale à travailler sous son contrôle dans la bande de Gaza.
« Il y a un problème pour assurer la sécurité, mais je pense que cela peut être fait de manière responsable et prudente afin de préserver votre propre sécurité », a-t-il ajouté, affirmant que la directive avait été donnée « depuis deux jours ». Il n’a cependant pas donné d’autres précisions.
La presse internationale travaille en s’appuyant sur des journalistes et correspondants locaux, qui ont payé un lourd tribut au conflit: près de 200 ont été tués en 20 mois par l’armée israélienne, dont au moins 45 dans l’exercice de leur profession, selon Reporters sans frontières (RSF).
L’attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles.
Les représailles israéliennes à Gaza ont déjà fait 61.430 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Avec AFP