Dans un communiqué, le gouvernement d’Addis Abeba n’affirme pas qu’il va reconnaître cette république autoproclamée mais qu’il mènera « une évaluation approfondie en vue de prendre position sur les efforts du Somaliland pour obtenir une reconnaissance » internationale.
Cette position vient atténuer les déclarations du président somalilandais Muse Bihi Abdi, qui avait affirmé lundi qu’en échange d’un accès à 20 kilomètres de ses côtes, l’Ethiopie allait « reconnaître formellement la république du Somaliland », ce qu’aucun pays n’a fait depuis qu’elle a proclamé unilatéralement son indépendance de la Somalie en 1991.
Le texte signé lundi par les dirigeants éthiopien et somalilandais a suscité de vives condamnations des autorités somaliennes, qui l’ont qualifié de « nul et non avenu », « sans base légale ».
« Aucune partie, ni aucun pays ne sera affecté par ce memorandum d’accord. Il n’y a pas de confiance brisée et aucune loi n’a été transgressée », a répondu mercredi le gouvernement éthiopien.
« Même si ce sont les faits, on ne peut pas dire que certains ne seront pas offensés, choqués et ne s’abstiendront pas de tenter de détruire les progrès », ajoute-t-il dans ce communiqué, sans jamais faire mention de la Somalie.
– « Accords avec différents pays » –
« Le Somaliland n’a pas encore été pleinement reconnu. Malgré cela, il a signé des accords avec différents pays, notamment des accords pour le développement portuaire. (…) Pourtant, il n’y a eu aucun murmure ou plainte lorsque cela s’est matérialisé », souligne-t-il.
Selon le gouvernement, l’accord offre à l’Ethiopie « la possibilité d’obtenir une base navale permanente et fiable et des services maritimes commerciaux dans le golfe d’Aden grâce à un accord de location » et « permet au Somaliland d’acquérir le type d’assistance et de partenariat qu’il ne peut obtenir d’aucun autre pays et répond également à ses demandes de longue date ».
Le conseiller à la sécurité du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait évoqué lundi le port de Berbera, situé sur la côte méridionale du golfe d’Aden, carrefour commercial majeur à l’entrée de la mer Rouge qui mène au canal de Suez, ainsi que la localité de Lughaya, située plus à l’ouest.
Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, l’Ethiopie n’a plus d’accès maritime propre depuis l’indépendance de l’Erythrée en 1993.
Elle a bénéficié d’un accès au port érythréen d’Assab, qu’elle a perdu lors du conflit entre les deux pays (1998-2000). L’Ethiopie dépend désormais du port de Djibouti pour ses exportations et importations.
Mardi, l’Union européenne a souligné l’importance du respect « de la souveraineté et de l’intégrité territoriale » de la Somalie, « clé pour la paix et la stabilité de toute la région de la Corne de l’Afrique ».
Avec AFP