A Paris, des expositions pour découvrir Bollywood ou les pagnes africains

A côté des grandes expositions monographiques de la rentrée consacrées à Van Gogh ou Rothko, trois expositions thématiques à Paris mettent en lumière l’Inde, l’Orient et l’Afrique.

– Il était une fois… à Bollywood –

Attention: titre trompeur ! Intitulée « Bollywood Superstars », cette exposition au musée du Quai Branly ambitionne de raconter l’histoire d’un des cinémas les plus foisonnants au monde, arrivé en Inde dans les bagages des Britanniques.

Pourtant, observe Julien Rousseau, co-commissaire de l’exposition, dès le début « les films étrangers n’intéressent pas grand monde en Inde ». C’est ce qui explique qu' »on va vite adapter des histoires classiques locales et en particulier des histoires mythologiques », poursuit-il auprès de l’AFP.

Au point que « l’industrie du cinéma va être inextricablement liée à la construction d’un sentiment national » (le pays devient indépendant en 1947, ndlr), développe-t-il.

Ce qui fait le sel de cette industrie – connue pour ses décors et costumes somptueux ainsi que ses danses – provient de « l’histoire et des arts » de cette ex-puissance, qui a connu son apogée sous le règne moghol, souligne encore Julien Rousseau.

Peintures, photos, figurines, vêtements … L’exposition (prévue jusqu’en janvier 2024) expose la manière dont le 7e art a pioché dans ces ressources pour se singulariser face à l’ogre hollywoodien.

– Mille et un parfums d’Orient  –

Voila un projet qui se tramait depuis des années, sans doute même depuis l’ouverture de l’Institut du monde arabe, en 1987: une exposition olfactive consacrée aux « Parfums d’Orient » (jusqu’en mars 2024).

Le visiteur est accueilli par des notes boisées telles que le bois d’oud ou la myrrhe. Sans parler de la rose. Voilà pour l’expérience sensorielle. L’expérience intellectuelle est elle aussi au rendez-vous.

Manuscrits, tableaux, photographies, boîtes à parfum, encensoirs millénaires… « On a voulu montrer que le monde arabe est le berceau d’une civilisation du parfum », souligne auprès de l’AFP Agnès Carayon, co-commissaire de l’exposition.

Une civilisation qui remonte à l’Antiquité et qui trouve sa source en Arabie, terre de l’encens et de l’ambre gris. Les parfums sont « présents dans plein d’aspects de la société arabe, plein d’usages », poursuit la conservatrice.

Que ce soit dans la cuisine – où la rose, la fleur d’oranger ou le safran sont rois – ou dans les foyers – parfumés avec ces arômes –  comme dans des lieux comme les hammams, les parfums « font partie intégrante des gens, et de leur identité », assure la conservatrice.

– Les Pagnes: histoire(s) africaine(s) –

Moins connus (et moins nobles) que leur grand rival, le wax, les pagnes africains – ces tissus peu chers et emblématiques de l’Afrique subsaharienne – s’exposent fièrement au quai Branly.

Attention, prévient d’emblée la commissaire de l’exposition, Sarah Ligner, pas n’importe lesquels: ceux à portée commémorative, donc politique. Au total, une cinquantaine de ces tissus colorés, témoins des soubresauts de l’histoire de cette région sur les 50 dernières années, sont exposés au public.

Plus que des objets décoratifs, ce sont des « objets de mémoire », insiste la commissaire auprès de l’AFP. Ces tissus très colorés, aux motifs fleuris pour la plupart, ont été commandés pour des campagnes électorales, des Coupes du monde ou des anniversaires d’indépendance.

Comme celui vert et jaune, avec le portrait de Léopold Sédar Senghor en son centre, célébrant le 20e anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Un autre revient sur « l’amitié franco-africaine », avec en son centre un portrait du général de Gaulle. Tout autour du pagne, des chaînes, allusion à la colonisation française en Afrique.

L’exposition fait aussi la part belle à des « pagnes féministes », louant des personnalités comme la Malienne Aoua Keïta, figure indépendantiste et féministe de son pays.

Avec AFP

 

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