Le retour des vagues de migrant se succèdent au Mali, la plupart de ces rapatriés volontaires viennent des pays maghrébins et des pays de l’espace Cédéao, notamment. Le Mali est considéré aujourd’hui à la fois comme un pays de départ, de transit et d’accueil de la migration par excellence. Explication.
Il y a quelques années, les images de migrants clandestins africains suppliciés par des trafiquants libyens avaient créé l’indignation populaire au sein des opinions africaines. Des scènes de tortures qui ont fait lever des voix partout sur le continent et à l’extérieur. En outre, les propos du président tunisien, Kais Saied, avaient suscité l’outrage en Afrique subsaharienne, en février 2023. Il affirmait dans un communiqué publié par le palais de Carthage, qu’il « existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie, et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens ». Le chef de l’Etat tunisien avait précédemment cité lors d’ un conseil de sécurité nationale sur le sujet, « des hordes de migrants » dont la présence en Tunisie serait source de « violences, de crimes et d’actes inacceptables ». Il a d’emblée insisté ce jour sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration, qu’il soupçonnait d’ « une volonté de faire de la Tunisie seulement un pays d’Afrique et non pas un membre du monde arabe et islamique ». Cette rhétorique du président tunisien, a fait pleuvoir des vagues d’indignations et a outré les chancelleries africaines, qui n’ont pas tardé à réagir, en organisant des rapatriements de leurs concitoyens.
Mali, pays de migration
Le Mali connaît un mouvement migratoire de ses populations vers l’extérieur depuis l’époque précoloniale jusqu’à nos jours. Le mouvement s’est amplifié ces dernières décennies à cause de la sécheresse, de la crise économique et des problèmes politiques. Aussi, la diaspora issue de l’émigration malienne s’est distinguée par la réalisation de certains projets de développement, au-delà de la simple satisfaction des besoins domestiques. Cette migration comporte aujourd’hui des enjeux éminemment économiques et politiques que la création du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur, après la révolution de mars 1991, a contribué à mettre à jour.
Néanmoins, géographiquement le Mali est situé au plein cœur du sahel et la partie septentrionale du pays fait frontière avec le nord du continent. Cette partie nord du pays est depuis plus d’une décennie le foyer d’insécurité avec ses corollaires. Les hordes de terroristes et des trafiquants de tout calibre sévissent dans cette zone, qui constitue aujourd’hui un point de transit des migrants vers l’Europe.
« Le Mali est d’abord un pays de départ dont les ressortissants sont présents un peu partout dans le monde. Ensuite, il constitue un pays de transit pour les ressortissants d’autres pays qui se dirigent vers le Maghreb avec, en partie, le but d’atteindre l’Europe. Il est aussi, un lieu d’accueil pour les migrants attirés par les relatives opportunités économico-professionnelles des villes maliennes. En outre, et inversement, le Mali connaît des retours massifs, depuis les pays situés sur le pourtour méditerranéen, prenant de plus en plus d’ampleur au cours des deux dernières décennies » indique le rapport annuel 2022 de l’Organisation Internationale de la Migration.
Sensibilisation contre l’immigration clandestines
L’immigration clandestine est un défi majeur aujourd’hui pour tous les pays (accueil, départ et transit) du monde. Les différents pays frontaliers de la méditerranée multiplient les initiatives et stratégies afin de faire reculer ces vagues de migrants irréguliers. Toutefois, le problème lié à cette forme de migration provient des crises politico-sécuritaires, économiques et d’autres, surtout le chômage des jeunes de l’Afrique subsaharienne. Pour faire face à ces départs massifs des jeunes aléatoirement, les organismes étatiques, politiques et non-gouvernementaux initient continuellement des espaces de sensibilisation et d’information à l’endroit des jeunes et des femmes.
« Pour sensibiliser la jeunesse malienne et les femmes aux risques de la migration irrégulière, le ministère des maliens établis à l’extérieur et de l’intégration africaine a organisé la projection du film « Regret », ce jeudi 30 novembre 2023 au CICB. Cette initiative vise à mettre en évidence les réalités du parcours migratoire chaotique à travers les routes périlleuses du désert, du Sahara, et de la Méditerranée » a annoncé le département chargé de la migration sur sa page Facebook.
Le ministre a attiré l’attention sur les dangers de la migration irrégulière, énumérant des chiffres alarmants fournis par l’Organisation Internationale pour les Migrations. « De 2014 à nos jours, 59 837 migrants ont perdu la vie sur les routes migratoires, dont 8200 cas en 2023, dont 3000 dans le Sahara. Ces routes représentent de véritables couloirs de la mort pour la jeunesse africaine ».
Outre des décès, le ministre a également affirmé des cas « d’expulsion, de refoulement, et de rapatriements massifs touchant des milliers de personnes chaque année. Près de 6000 maliens ont été rapatriés en situation d’urgence depuis le début de l’année 2023 ».
Plus de 500 rapatriés volontaires au Mali
Le Mali a accueilli courant ce mois de novembre seulement, plus de 500 rapatriés volontaires, dans le cadre de la politique de rapatriement des autorités. Ces migrants retournés viennent notamment de Libye, de la Tunisie, de l’Algérie, de la Mauritanie, du Maroc et du Niger.
« Ce mercredi 29 novembre 2023, inscrit dans nos opérations de rapatriement volontaire, l’équipe dédiée à l’accueil des migrants, dirigée par le chef de Cabinet du ministère des maliens établis à l’extérieur, a accueilli 22 de nos compatriotes en provenance du Maroc. » communique le ministère sur le retour de la dernière vague de novembre.
Mohamed Camara / Malikonews.com