Mali : inondations et embouteillages après de fortes pluies, hier mardi, dans la ville de Bamako

Mali : inondations et embouteillages après de fortes pluies, hier mardi, dans la ville de Bamako. © DR

Conduire à Bamako durant cet hivernage est un véritable combat de titan. Les routes complètement submergées d’eau de pluie, des ponts coupés, des caniveaux bouchés, ces inondations inquiètent beaucoup de maliens. Les usagers des routes ont fait une traversée de désert, hier, mardi, après l’averse qui a complètement bloqué la circulation dans « la ville des trois caïmans », notamment sur la voie menant à Koulikoro et celle de Sébénikoro, un quartier populeux de la commune 4.

« Je pense avec ce que nous voyons aujourd’hui, il arrivera un jour où il ne sera plus possible de circuler à Bamako pendant la saison des pluies », a ronchonné un usager de la route de Koulikoro, bloqué dans un bouchon. « Cela fait deux heures que nous sommes assis dans nos voiture, tout est bloqué, pas de route où passer », a-t-il indiqué.

La route numéro 27 ou la voie menant à Koulikoro qui traverse également deux grandes communes peuplées de Bamako, était le théâtre d’un embouteillage monstre, « à cause des eaux qui ont débordé des caniveaux pour inonder les voies», nous a indiqué un usager de cette route.

« J’ai quitté le boulot vers 18 heures, mais je suis arrivé chez moi à Titibougou jusqu’à 23 heures passé. Plus de 5 heures dans le bouchon, c’est inquiétant », a réagi un autre usager. Un autre explique, « j’ai fait plus de 2 heures dans le bouchon entre le monument de la liberté (boulevard de la grande mairie de Bamako) et le 3ème arrondissement. Il n’y avait plus de passage, presque toutes les voies en partance de la commune 1 étaient, toutes bloquées »

Woyowayanko Submergé

Un peu loin de ce calvaire, à quelques kilomètres de là en commune 4, les usagers de la circulation vivaient une situation infernale à Sébénikoro. « Le pont Woyowayanko était englouti par les eaux durant plus de 5 heures », a affirmé cet usager.

Plus de 5 heures, Sébénikoro était coupé du reste de la ville.

« Le marigot a débordé en raison des fortes pluies tombées dans l’après-midi. La barre de fer au-dessus du pont est cassée du côté de l’entrée. L’eau coule sous le pont avec une force spectaculaire. Les usagers des deux côtés peinent à traverser le pont. Entrer et sortir de Sébénikoro relèvent du parcours de combattant ce soir », avait posté dans la nuit, cet usager sur sa page Facebook avec une vidéo d’illustration qui montrait les gens bloqués dans les deux sens du pont.

« Après la forte pluie de cet après-midi, il devient extrêmement difficile de circuler à Bamako en raison des inondations. Ce qui est encore plus révoltant, c’est que même les grandes artères symboliques sont affectées, comme le boulevard de l’Indépendance en direction de l’ACI 2000, Sébénikoro et Hamdallaye. La situation est pire à l’ACI 2000, où les deux voies principales se transforment en sens unique, obligeant certains à envisager d’abandonner leur véhicule. Pour un trajet entre Médina Coura et l’ACI 2000, j’ai mis plus d’une heure et demie », a publié un internaute sur le réseau social Facebook, avec une image d’illustration montrant le monument de l’indépendance sous  les eaux.

C’est à partir de 22 heures que le pont de Sébénikoro a été libéré, permettant aux usagers de traverser timidement dans les deux sens. « Il n’y a plus d’eau sur le pont sauf que personne ne veut céder le passage à l’autre donc la nuit risque d’être longue ici ! Les enfants dorment sur les motos et dans les voitures c’est vraiment triste », selon un internaute.

La vigilance rouge sur la montée des fleuves

Par ailleurs, le Comité interministériel de gestion de crises et catastrophes avait indiqué, le jeudi 3 octobre, lors d’une réunion sur la situation des inondations et de l’assistance aux sinistrés, un cumul de 649 cas d’inondations depuis le début de l’hivernage pour 76 morts, 148 blessés. Une situation qui a engendré 259 795 personnes sinistrées, dont 115 738 enfants. Selon les responsables du gouvernement, les risques d’inondations demeurent et la situation hydrologique le long des fleuves Niger et Bani est marquée par la poursuite de la montée des niveaux d’eau caractérisée par une hausse exceptionnelle.

Les données de l’agence météorologique notent que les seuils d’alerte ont été dépassés dans certaines localités comme Banankoro, Kénioroba, Bamako, Ké-Macina, Beleny Keny dans la région de San, Sofara, Mopti et Diré. Les lâchers d’eau se poursuivent au niveau du barrage de Sélingué et ceux du barrage de Manantali ont commencé le jeudi 03 octobre 2024. A cet effet, toutes les zones riveraines demeurent en vigilance rouge et les populations sont invitées à l’évacuation.

Le ministre de la sécurité et de la protection civile, secrétaire permanent du comité interministériel de gestion de crises et catastrophes avait annoncé la mise en œuvre par les autorités des actions de réduction des risques d’inondations notamment la libération des emprises et des voies d’écoulement des eaux ainsi que les zones à risque d’éboulement. Dans son plan, le gouvernement invite les populations à s’éloigner des berges de cours d’eau en crue, ou de canal d’évacuation d’eau comme les caniveaux.

Mohamed Camara / Malikonews.com

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