Mali : les défenseurs de l’alphabet “N’ko’’ s’insurgent contre la mise à l’écart de cet instrument de transcription des langues nationales

Les es défenseurs de l’alphabet “N'ko’’ s’insurgent contre la mise à l’écart de cet instrument de transcription des langues nationales. © Direction de l'action culturelle

La Fédération des associations et mouvements pour la valorisation de l’alphabet N’Ko, des langues nationales et des cultures, dénommée Wassabaya a tenu ce mardi 24 septembre, une conférence de presse, lors de laquelle, plusieurs doléances et interpellations ont fusé.

L’objectif de cette rencontre avec les médias était de dénoncer et d’interpeller les autorités du pays sur une tentative d’exclusion de l’alphabet ‘’N’Ko’’, dans la transcription des langues nationales du Mali par une loi organique du Conseil national de la transition comme décidé par les assises nationales.

« Nous sommes devant vous, ce matin, pour dénoncer la loi organique sur l’éducation nationale, qui est en voie d’adoption au sein du Cnt. Aucunes associations membres de notre fédération n’ont été impliquées dans la rédaction de cette loi, même les personnalités culturelles, considérées commes les trésors vivants du pays n’ont été consultées », a indiqué Ousmane P Coulibaly, président de la fédération.

Selon lui, « plus de 3 millions de maliens savent écrire en ‘’Nko’’, donc, on ne peut pas parler, aujourd’hui du futur du pays sans les impliqués ». Le président de la fédération a également expliqué pourquoi, ils ne se retrouvent dans cette loi organique, « la loi organique qui est entre leurs mains, viole les recommandations des assises nationales de la refondation, parce qu’à la place de l’alphabet N’ko, ils ont mis l’alphabet phonétique internationale. Alors que lors des assises nationales, il avait été recommandé que le Nko et deux autres alphabet (Massaba, et l’alphabet des Touareg) seront reconnus par l’Etat comme les outils de transcription de nos langues nationales »

Pour faire part de leur désaccord face à « cette injustice, nous avons tenu cette rencontre avec la presse pour dénoncer la violation des recommandations des Anr et précisé que nous ne sommes pas associés à cette entreprise ni de près ni de loin », a-t-il déclaré.

L’alphabet Nko

Selon certains documents historiques, le N’ko est une écriture créée par Solomana Kanté, en 1949 comme système de transcription des langues mandingues en Afrique occidentale. Le mot n’ko signifie « je dis » dans toutes les langues mandingues. M. Kanté a pensé cet instrument de transcription, pour combler l’absence, selon lui, d’un système de transcription plus adapté aux sonorités propres aux langues mandingues que l’alphabet latin ou l’alphabet arabe.

Le N’ko a d’abord été utilisé à Kankan, en Guinée et s’est diffusé ensuite dans d’autres régions où l’on parle mandingue en Afrique occidentale. Le sens d’écriture est de droite à gauche et l’alphabet comprend, outre 20 consonnes dont une syllabique, toutes les voyelles, au nombre de 7 ; il comprend également 8 signes diacritiques destinés à marquer les tons.

Selon les défenseurs de cet outil phonétique ouest africain, « l’introduction de cet alphabet a entraîné un mouvement favorisant l’instruction dans l’alphabet de n’ko parmi l’élite des locuteurs des langues mandingues, aussi bien en Afrique occidentale, anglophone que francophone. L’instruction en n’ko a aidé à la formation d’une identité culturelle malinké en Guinée, au Mali et a également renforcé l’identité linguistique mandingue dans d’autres régions de l’Afrique occidentale »

Mohamed Camara / Malikonews.com

Auteur/Autrice

Également :

Autres articles