Il ya juste quelques mois, l’imam Bandiougou Traoré avait été condamné, en raison de ses critiques sur la crise énergétique qui frappe durement le pays. Le voilà, encore placé sous mandat de dépôt par le procureur du pôle de lutte contre cybercriminalité, ce mardi 10 septembre, pour avoir tenu un sermon jugé « misogyne» et “discriminatoire”, le vendredi dernier.
L’affaire du jeune imam, figure déjà connue pour ses prises de position «controversées », fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le pays, ces derniers jours. Le religieux a été placé en garde à vue à Bamako, mardi, après avoir été interpellé la veille, lundi 9 septembre. Il lui est reproché d’avoir tenu des propos jugés « discriminatoires » et « misogynes », lors de son sermon du vendredi 6 septembre 2024, où il s’en est pris aux femmes militaires et sportives, notamment celles qui pratiquent le basketball et portent des vêtements jugés inappropriés par le jeune prédicateur.
Ce sermon de l’Imam Traoré a vite suscité une indignation au sein des organisations de défense des droits des femmes. Du haut de sa mosquée située dans un quartier populaire de la capitale malienne, il a dénoncé le port de tenues sportives, telles que des leggings, par des femmes qu’il a décrites comme ne respectant pas les valeurs islamiques traditionnelles.
Ces affirmations ont produit une vague de réactions notamment de la part d’organisations féministes qui y ont vu une attaque directe contre les droits des femmes à participer pleinement à la vie sociale, que ce soit dans les forces armées ou dans le domaine du sport. Sur les réseaux sociaux, les propos de l’imam Traoré ont été également majoritairement condamnés.
Certaines organisations de la société civile ont même interpellé les autorités pour que des sanctions soient prises contre le prédicateur.
Selon plusieurs médias, c’est le pôle de lutte contre la cybercriminalité, dirigé par le procureur Adama Coulibaly, qui s’est saisi de l’affaire. Toujours selon certains médias « les mouvements de défense des droits des femmes ne comptent pas en rester là. Plusieurs organisations préparent d’ores et déjà des plaintes formelles pour incitation à la haine et à la discrimination. »
Pour l’agence de presse Apanews, « la situation juridique de l’Imam Traoré pourrait s’aggraver si ces nouvelles plaintes venaient à aboutir. Son influence au sein de la communauté musulmane du Mali, bien qu’importante, est aujourd’hui mise à mal par ces multiples accusations. »
En janvier dernier, l’imam Bandiougou Traoré avait été interpellé par la Brigade d’investigation judiciaire et placé sous mandat de dépôt après avoir été présenté au procureur du pôle de lutte contre la cybercriminalité. Il était notamment poursuivi pour « incitation à la violence » et avoir tenu « des propos troublant l’ordre public», suite à sa prise de position sur la crise énergétique.
Mohamed Camara / Malikonews.com