Cette annonce a été faite à l’issue du conseil des ministres du 24 juin, par le chef du gouvernement nigérien. Le pays envisage d’utiliser le système de transport des hydrocarbures par le pipeline du Tchad. Une décision qui intervient après l’arrêt de l’envoi du pétrole brut nigérien au port béninois de Sèmè-Kpodji, en raison de la brouille diplomatique entre Niamey et Porto-Novo.
Entre Niamey et Porto-Novo plus rien ne va, depuis l’arrivée des nouvelles autorités nigériennes.
Le Niger avait commencé, en avril, à exporter son pétrole brut par le Bénin à travers un pipeline de plus de deux mille kilomètres reliant le site pétrolier d’Agadem et le port béninois de Sèmè-Kpodji. Le 6 juin dernier, Niamey avait arrêté l’envoi de son pétrole à Porto-Novo, en raison de protestation contre l’arrestation, la veille par la police béninoise, de ses cinq représentants qui assistaient au chargement du pétrole brut sur un navire au port de Sèmè-Kpodji.
«Le Conseil des ministres a entendu une communication de son Excellence Monsieur le Premier ministre sur l’utilisation du système de transport des hydrocarbures par le pipeline du Tchad», a indiqué le communiqué final du conseil des ministres du 24 juin. Le gouvernement nigérien a ainsi annoncé son intention de recourir au pipeline du Tchad pour l’exportation de son pétrole brut sur le marché international.
Le communiqué a évoqué les « excellentes relations de bon voisinage et de fraternité» entre le Niger et le Tchad, en indiquant la mise en place d’un comité entre les deux pays, devant conduire à l’acheminement du brut nigérien via le pipeline du Tchad.
Pour rappel, il existe un protocole bilatéral entre les deux voisins sahéliens, signé le 17 septembre 2012 et approuvé le 1er juillet 2014 à l’unanimité par l’Assemblée nationale du Tchad.
Depuis le renversement du président Mohamed Bazoum en juillet 2023, les relations entre les deux voisins ouest-africains se sont détériorées. Les autorités béninoises avaient appliqué la décision de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en fermant leur frontière avec le Niger. Quand l’organisation régionale avait décidé de lever ses sanctions contre le Niger, les autorités nigériennes ont à leur tour, refusé de rouvrir leur frontière avec le Bénin, accusant ce pays d’abriter des bases militaires françaises. Nonobstant le démenti des autorités béninoises, Niamey n’a pas changé de position.
En début de cette semaine, deux anciens chefs de l’Etat du Bénin, Nicéphore Soglo et Boni Yayi se sont rendus à Niamey, dans le cadre d’une médiation qu’ils ont initiée pour aider à faire baisser la tension.
Mohamed Camara / Malikonews.com