Tabaski 2024 : les délestages compliquent le travail des couturiers

Tabaski 2024 : les délestages compliquent le travail des couturiers. Photo d'illustration. © DR

Les couturiers traversent une période de vache maigre en cette veille de la Tabaski, en raison des coupures d’électricité qui les frappent durement. Même avec l’achat de groupes électrogènes, certains n’arrivent pas à honorer leurs engagements vis-à-vis des clients.  D’autres ont carrément recours aux machines à coudre mécaniques.  

Cet atelier de couture situé à Moribabougou est pris d’assaut par des clientes, ce mardi soir, à six jours de la fête. Le ronronnement des groupes électrogènes s’entremêle au bruit des machines à coudre, plus la voix rauque de cette cliente crée un vacarme imposant.

« Si tu savais que tu ne pouvais pas le faire à temps, il fallait me le dire. Comment mes enfants vont faire la fête ? », se demande la cliente qui discutait fortement avec le couturier. « Tu sais le groupe n’arrive pas à supporter les charges, il m’a lâché depuis longtemps. Mais je te jure que samedi, tu auras les habits de tes enfants », dit le couturier à la cliente mécontente.

Selon le couturier, « il y a deux ateliers de couture qui cohabitent sur cet immeuble. Nous étions dans la même situation, on louait chacun des groupes qui n’avaient pas assez de capacité pour supporter les charges. Donc pour contourner ce problème, nous avons décidé d’acheter ce groupe (plus puissant) pour travailler durant la fête ». Il poursuit, en déclarant que « le moment où il y a de  l’électricité, nous faisons en sorte de pouvoir faire énormément de travail pour aller loin. La situation est très difficile, les clients nous tombent dessus et nous insultent autant qu’ils veulent. »

Si certains clients comprennent la situation, d’autres n’admettent pas, « je suis venue avec mon habit depuis bien avant la fête, et il m’a rassuré que je l’aurai une semaine avant la Tabaski. La seule condition qu’il a imposée et que j’ai acceptée, c’était qu’il ne pouvait assurer la broderie », proteste une autre cliente.

B. M, est une couturière au centre-ville de la capitale, « je me suis préparée à ce scénario depuis  le mois de ramadan, à la petite fête, je n’ai pas eu de problème. Mais pour cette fois-ci, le groupe m’a complètement lâché quand on était en plein dans le travail ».

Face à cette situation, la couturière a été obligée, « d’emprunter de l’argent à mes proches, la grève des banques sévissait, c’était impossible pour moi de pouvoir assurer la charge de tout ce personnel et également réparer le groupe »

Des machines à coudre mécanique  

Par ailleurs, selon un article du quotidien national, l’Essor, les machines à coudre mécaniques offrent une parade salutaire à plusieurs couturiers.

Le journal écrit que dans  l’optique d’honorer leurs engagements vis-à-vis des clients et continuer de faire tourner leurs ateliers, certains ont opté pour les machines à coudre mécanique. Comme au bon vieux temps.

«Je suis le seul à avoir cette machine parmi la cinquantaine de tailleurs qui travaillent ici. Je travaille avec ça, car il n’y a pas d’électricité et je n’ai aucun moyen de m’acheter un groupe électrogène», estime ce tailleur installé au marché “ Dabanani”, cité par le quotidien national.

Un autre tailleur dont l’atelier est à Djelibougou, déclare que «je cherche à m’adapter, mais c’est très dur. Je suis obligé de travailler avec mon ancienne machine à coudre». Le processus semble “très fatigant”, selon ses explications. Il indique avoir des difficultés à force de pédaler. Le tailleur préconise même d’acheter un groupe électrogène. «Certes, je ne ferai pas beaucoup de bénéfices, mais je préfère cela. J’ai une famille à nourrir, des clients et des salariés à honorer», dit-il.

  Mohamed Camara / Malikonews.com

Auteur/Autrice

Également : ,

Autres articles