Mali : Oumar Konaté tué pour s’etre opposé à l’esclavage “par ascendance” à Kayes

Manifestation contre l'esclavage à Kayes. Archives. © DR

Cela s’est encore passé dans la région de Kayes, un ressortissant de Nioro du sahel a été lynché, ce début de moi, en raison de son opposition à l’esclavage, avant de succomber à ses blessures à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako, le 10 mai.

Oumar Konaté, c’était le nom de la victime, et était membre d’une association anti-esclavage. Il a été tué par les habitants de son village dans la région de Kayes, une zone dominée par l’esclavage par ascendance. En refusant d’admettre le statut d’esclave qu’on lui accole, M. Konaté a été cible d’une bastonnade à mort par les jeunes de son village.

Une situation funeste qui a choqué les organisations et les activistes luttant contre « cette pratique d’une autre époque et d’un âge déjà révolu »

Soumaguel Oyahit, secrétaire de l’association Temedt, militant pour l’abandon des pratiques esclavagistes au Mali, a estimé sur un média que ‘’ce drame n’aurait jamais dû se produire, c’est un mort de plus et un mort de trop. Nous lançons un appel solennel à l’Etat du Mali, aux légitimités traditionnelles de la région de Kayes, à tous ceux qui peuvent quelque chose, de fournir beaucoup d’efforts pour lutter contre l’esclavage. Le seul moyen pour mettre fin à cette pratique, c’est d’adopter l’avant-projet de loi de lutte contre l’esclavage« .

Selon des témoignages, les ennuis d’Oumar Konaté avec les jeunes de Nematoulaye, une zone rurale dans la région de Kayes, « auraient débuté en décembre 2023. C’est à cette date qu’il a adhéré à l’association Gambana, dont la mission est de lutter contre la pratique de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes »

Une dispute avec le chef du village

Oumar Konaté s’est d’abord disputé avec une partie du village quand il émis le souhait d’épouser une femme considerée comme issue d’un rang social superieur. Avant de se lancer dans un projet de construction d’une bergerie, toujours selon les propos des témoins, « contesté par le chef de village en personne, estimant que son statut d’esclave ne lui donnait pas ce droit »

« Malgré cette opposition du chef de village, il a quand même construit sa bergerie pour moutons et bœufs. Et le lundi 6 mai dernier, un groupe de jeunes est parti durant la nuit détruire la maisonnette. Malheureusement, Oumar s’y trouvait. Une bagarre a ensuite éclaté, jusqu’à ce qu’Oumar soit grièvement blessé« , avait expliqué, Lassana Diaguely Konaté de l’association Gambana, sur un média international.

Il est aussitôt transporté d’urgence à Bamako, à l’hôpital Gabriel Touré, où il a succombé à ses blessures le 10 mai.

Sa mort tragique a suscité des émois sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont dénoncé cette pratique « moyenâgeuse » et « préhistorique ».

Avant l’adoption de l’avant-projet de loi de lutte contre l’esclavage, l’association Temedt continue de mener des actions de plaidoyer et de sensibilisation dans 15 communes des régions de Kayes et de Nioro du Sahel pour informer les populations sur les questions liées aux droits et à la transformation sociale. Pour le moment aucune voix officielle ne s’est exprimée sur cette tragédie.

Mohamed Camara / Malikonews.com

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