Les radios britannique et américaine BBC et Voice of America (VOA), sont suspendues pour deux semaines au Burkina Faso pour avoir diffusé un rapport de Human Rights Watch (HRW) accusant l’armée « d’exactions » sur des civils, a annoncé jeudi soir l’autorité de la communication burkinabé.
Le Conseil supérieur de la communication (CSC) « a décidé de la suspension des programmes des deux radios internationales (BBC et VOA) émettant à Ouagadougou pour une durée de deux semaines à compter de la notification de ladite décision », indique-t-il dans un communiqué.
Il justifie cette décision par la « diffusion jeudi sur les ondes et les plateformes numériques de BBC-Afrique et de VOA d’un article accusant l’armée burkinabè d’exactions sur des populations civiles ».
Le CSC affirme avoir « décelé dans le contenu dudit article d’énormes déclarations péremptoires et tendancieuses contre l’armée burkinabè sans éléments de preuve tangible, d’autant plus que le même article invite à une enquête indépendante ».
Dans son rapport publié jeudi, HRW a accusé l’armée burkinabè, aux prises avec les groupes armés jihadistes, d’avoir « exécuté au moins 223 civils » dont au moins 56 enfants lors de deux attaques dans le Nord du pays.
Des accusations auxquelles les autorités, sollicitées par l’AFP, n’avaient pas réagi depuis.
Le CSC indique également avoir « enjoint » aux fournisseurs d’accès à internet « de suspendre » l’accès aux sites et « autres plateformes numériques de la BBC, de la VOA et de l’ONG Human Rights Watch (HRW) à partir du territoire burkinabè ».
Il estime que « l’approche » de la BBC et VOA « porte atteinte aux principes cardinaux du traitement de l’information, en ce qu’elle constitue une désinformation de nature à porter le discrédit sur l’armée burkinabè » et « est, en outre, susceptible de créer des troubles à l’ordre public ».
L’autorité de la communication invite « l’ensemble des médias à s’abstenir de relayer, à travers leurs différents supports, cet article tendancieux (…) de nature subversive », rappelant que « tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues par les textes en vigueur ».
Le Burkina Faso, dirigé par des militaires issus de coups d’Etat en 2022, a déjà suspendu temporairement ou sine die la diffusion de plusieurs chaînes de télévision ou de radio et expulsé des correspondants étrangers.
Avec AFP